La protestation des travailleurs ébranle la dictature
Soudan
Le régime d’Omar el-Béchir tremble. Depuis plus d’un mois, les travailleurs et plus généralement les petites gens défilent pour montrer leur mécontentement car le prix du pain a triplé, celui du sucre et des autres produits de première nécessité a aussi augmenté. Les manifestations se sont déroulées à Khartoum, la capitale, ainsi que dans d’autres grandes villes comme Omdurman, Dongala et Atbara.
La population est descendue dans la rue d’une manière spontanée. Le 19 décembre, les premières manifestations ont commencé à Atbara, au nord de la capitale. Cette ville est considérée comme le berceau du syndicalisme et du communisme au Soudan. Le premier syndicat y a été créé en 1946. Le parti communiste soudanais était très implanté dans la classe ouvrière et chez les étudiants. Mais la dictature d’el-Béchir a fortement réprimé toutes les organisations.
Actuellement, le régime accuse l’Association des professionnels soudanais (APS) d’être l’instigatrice de cette protestation. Cette organisation est née clandestinement après les manifestations de 2013. Mais dès sa sortie publique au début des manifestations actuelles, le régime a emprisonné plusieurs de ses dirigeants. Depuis, l’APS garde l’anonymat, ses responsables n’utilisent plus leurs téléphones portables. Elle travaille en secret, organise la contestation et a su gagner la confiance de la rue.
Omar el-Béchir dirige le pays d’une main de fer depuis trente ans. Il s’appuie sur le puissant NISS, le Service national de renseignement et de la sécurité. Depuis 2009 il est sous mandat d’arrêt lancé par la Cour pénale internationale (CPI) pour « crimes contre l’humanité, crimes de guerre et génocide au Darfour ».
En 2013 il y a eu des émeutes contre une hausse de plus de 60% des carburants. Cela a déclenché une révolte qui a entrainé une répression policière faisant 200 morts et plus d’un millier de blessés.
Les dernières contestations ont obligé le gouvernement a libérer un millier de prisonniers selon des ONG. Parmi ceux-là, il y a des militants politiques et des journalistes. Désormais les manifestants réclament la démission d’Omar el-Béchir. Des bâtiments du NCP (parti au pouvoir) ont été incendiés.
Vu la manière d’agir de l’APS actuellement, on peut penser qu’il y a une résurgence d’organisations d’opposition au Soudan. En tout cas les travailleurs ont besoin d’avoir une organisation politique propre à eux pour défendre leurs intérêts spécifiques de classes, sinon ils risquent de servir de troupes de choc pour favoriser l’accession au pouvoir d’une nouvelle dictature.