Mouvement des gilets jaunes

25 mai 2020

France

Depuis le mois de novembre, des artisans, des petits patrons, des salariés, des retraités, des chômeurs, des petites gens manifestent, en portant des gilets jaunes, tous les samedis à Paris, dans les villes de province, sur les ronds-points des grandes routes. Au début ils étaient des centaines de milliers. Ils protestaient contre l’augmentation du prix du gasoil, la baisse des retraites et des allocations, contre les petits salaires. Ils ont manifesté indépendamment des organisations syndicales. Ils ont tenu le coup jusqu’à maintenant bien que leur nombre diminue avec le temps. Ils ont réussi à faire reculer le gouvernement, en particulier sur l’augmentation du prix du gasoil. C’est le résultat de leur détermination.

Le mouvement de protestation fait tache d’huile dans des pays d’Europe, comme en Belgique à Bruxelles, en Allemagne, en Espagne à Madrid, en Serbie à Belgrade, certes en nombre beaucoup moins important. Le gilet jaune est devenu symbole de protestation contre les mesures des gouvernements vis-à-vis des travailleurs.

Au Burkina Faso, la hausse des prix des carburants a provoqué, le 29 novembre la même protestation mais avec des gilets rouges.

Pour illustrer ce mouvement vous trouverez ci-joint un large extrait de l’éditorial de l’hebdomadaire de Lutte Ouvrière du 19 décembre 2018.

LES TRAVAILLEURS DOIVENT IMPOSER AUX CAPITALISTES LEUR DROIT A L’EXISTENCE

Le gouvernement et les médias se sont empressés d’enterrer le mouvement des gilets jaunes, après les manifestations en baisse de samedi dernier, qui ont cependant encore réuni des dizaines de milliers de personnes.

Castaner appelle à « libérer les ronds-points », tandis que Philippe fait mine de s’excuser de ce que le gouvernement n’ait pas « assez écouté » et promet que cela va changer. Quel que soit l’avenir de la contestation des gilets jaunes, les raisons de la colère ne disparaissent pas avec ces belles paroles.

Philippe promet des débats qui vont s’éterniser durant des mois et se dit même favorable au référendum d’initiative citoyenne, que des politiciens de tout bord reprennent à leur compte. Mais que le gouvernement permette ou non aux électeurs de s’exprimer plus souvent ne changera pas le fond de sa politique, au service du grand capital et des très riches qui le monopolisent.

Les gilets jaunes l’ont démontré : la mobilisation est bien plus efficace que n’importe quel référendum ! Leur détermination a contraint Macron à en rabattre un peu, même si ces mesures sont insuffisantes et qu’elles seront payées par les classes populaires. Elles seront en effet financées par l’argent public, puisqu’il n’est pas question de s’en prendre aux capitalistes.

C’est au nom du travail que le gouvernement se contente d’une hausse de la prime d’activité sans augmenter le smic horaire car, à l’entendre, cela mettrait l’emploi en danger. Les travailleurs seraient donc condamnés à accepter les sacrifices, les payes minables pour des conditions de travail de plus en plus dures et des contrats toujours plus précaires, au nom de la lutte contre le chômage ?

Les bas salaires, la précarité et le chômage vont ensemble. Ils sont le résultat de la guerre que le grand patronat mène au monde du travail pour garantir ses profits, et de la politique qu’il impose en conséquence. Licenciements annoncés par le trust pharmaceutique Sanofi, fermetures de restaurants Flunch et de magasins HappyChic, deux filiales du groupe de la famille milliardaire Mulliez, fermeture d’une usine Nestlé dans l’Oise, d’une usine du groupe anglais Luxfer Gas dans le Puy-de-Dôme… La liste n’en finit pas de s’allonger, et des milliers de travailleurs et leurs familles vont se retrouver sur le carreau.

La mobilisation des gilets jaunes a mis sur la table l’un des problèmes des travailleurs : dans l’un des pays les plus riches du monde, il n’est pas possible de vivre dignement de son travail. C’est la loi qu’impose la grande bourgeoisie, mais ce n’est pas une fatalité.

Les travailleurs sont au cœur du système, dans les entreprises où naissent les profits. Ils ont la force et les moyens de se battre pour leurs intérêts ; pour l’interdiction des licenciements, l’augmentation générale des salaires, des retraites et des allocations et leur indexation sur les prix. Ces exigences vitales, les travailleurs ne pourront les obtenir que par leurs luttes, en s’attaquant à la domination du capital sur l’économie.

Lutter pour nos conditions d’existence signifie remettre en cause la loi du capitalisme, qui conduit la société d’une catastrophe à l’autre, menaçant même l’existence de la planète. En prendre conscience est la première étape de ce combat, que les travailleurs sont les seuls à pouvoir mener pour une autre société, débarrassée de la logique du profit.