Éditorial

Libye : Traque de migrants et trafics d’esclaves

30 novembre 2017

Suite à une vidéo diffusée sur les grandes chaînes internationales d’information et par les réseaux sociaux, montrant des migrants subsahariens vendus comme esclaves en Libye, plusieurs artistes et écrivains africains ont dit leur dégoût et réclament des mesures contre ce commerce ignoble.

Parmi ces personnes, il y a le chanteur de reggae ivoirien Alpha Blondy (griot de l’ancien dictateur Houphouêt Boigny puis de ses successeurs) qui dit sur son compte Face book : « Messieurs les présidents, nous sommes stupéfaits par votre silence ». L’historienne et militante sénégalaise Penda Mbow appelle elle aussi les chefs d’État africains à réagir à cette situation. « Que chaque État aille chercher ses propres ressortissants pour les sortir des griffes de ces négriers » a-t-elle déclaré. L’écrivain sénégalais Felwine Sarr a lui aussi crié sa colère et exprimé son dégoût contre l’inaction des dirigeants africains face à ce « commerce des esclaves en 2017 ».

À Paris, un important rassemblement s’est tenu le 18 novembre devant l’Ambassade de Libye pour protester contre la chasse aux migrants à laquelle s’adonnent les forces de l’ordre et contre la pratique de vente aux enchères d’êtres humains dans ce pays.

Cette situation révoltante que subissent les migrants est la conséquence directe de la stratégie de « gestion des migrations en amont » promue par les dirigeants de l’Union Européenne. Selon le Haut-commissaire des Nations unies aux Droits de l’homme, près de 20 000 migrants sont entassés dans des centres spécialisés en Libye. Entassement dans des espaces exigus, sous-alimentation, traitements indignes, corrections à la matraque électrique, viols des femmes par des gardes ou des trafiquants d’êtres humains et la liste des sévices est longue. On les stoppe en Libye pour les empêcher de venir en Europe.

En même temps qu’elles sèment le chaos et la guerre dans une grande partie du Moyen-Orient, ces grandes puissances capitalistes continuent le pillage des pays africains qu’ils ont colonisés hier et soutiennent des dictatures sanglantes aux quatre coins du continent. Les personnes qui fuient les guerres et les dictatures le font parce qu’elles estiment qu’elles n’ont pas d’autre choix que celui de fuir l’enfer qu’elles vivent, la misère qui est leur lot.

Alors les artistes, les écrivains et tous ceux qui dénoncent le commerce et les sévisses que subissent les êtres humains en Libye, ont raison de crier leur colère. Néanmoins, ils se font des illusions sur les dirigeants africains qui sont complices des grandes puissances capitalistes et qui s’enrichissent de façon éhontée sur le dos des populations africaines. Jusqu’où les horreurs doivent-elles aller pour que le monde comprenne que c’est le système capitaliste qui est à l’origine de ce phénomène ?