Les manifestations de rue ont contraint Ibrahim Boubacar Keita à reculer
MALI
Le président malien Ibrahim Boubacar Keita voulait que son référendum constitutionnel ait lieu le 9 juillet comme il l’avait décidé, mais devant la multiplication des manifestations de rue organisées par une coalition de nombreux partis d’opposition, il a fini par battre en retraite. Comme il ne veut pas perdre la face, il a déclaré que ce référendum aura tout de même lieu mais qu’il est tout simplement « reporté pour une date ultérieure ». On verra donc si ce report n’est pas synonyme d’enterrement définitif.
Ce référendum, IBK le voulait pour augmenter son pouvoir, pour caser un peu plus de ses partisans avec la création d’un sénat (entre autres) et éventuellement faciliter sa réélection. La seule chose qu’il a réussie à obtenir c’est de coaliser un grand nombre de ses opposants dont ses anciens ministres et Premiers ministres qu’il a remerciés tout récemment.
Tous ces gens-là qui, hier encore mangeaient dans ses mains, sont devenus des opposants et tentent de se faire une popularité à bon compte. Ils profitent de la colère et des frustrations réelles au sein de la population contre la dégradation des conditions d’existence, contre la corruption et le pillage des caisses de l’État pour les détourner à leur profit afin d’assouvir leurs ambitions de politiciens. Néanmoins, ils sont tous autant pourris que ceux qui sont restés autour d’IBK.
Cette colère s’est exprimée lors de nombreuses grèves qui ont touché récemment la fonction publique (les hôpitaux, les employés des administrations territoriales, du ministère des Affaires étrangères, les enseignants, les magistrats, les Inspecteurs de travail, etc.). Au cœur de ces grèves, il y avait surtout les revendications concernant les augmentations de salaires, le versement des primes et l’amélioration des conditions de travail.
Les politiciens qui sont aujourd’hui dans les rues et qui manifestent contre la tenue du référendum ne sont pas du tout intéressés par ces revendications du monde du travail. Et pour cause, la plupart d’entre eux ont été à un titre ou à un autre, complices de la politique de l’actuel président ou de ses prédécesseurs. Voilà pourquoi les travailleurs n’ont aucun intérêt à leur faire confiance ; ce sont des ennemis des classes laborieuses.