L’État jette des familles entières dans la rue
CÔTE D’IVOIRE
En début du mois de juillet, à Treichville Belleville, dans le sous-quartier communément appelé Gbatanikro, des dizaines de familles ont été jetées hors de leurs habitations manu militari. Elles ont vu leurs demeures rasées par des bulldozers sous la surveillance de policiers et de loubards.
Ces familles occupent ce site depuis 40 ans. Elles payaient un loyer à la Sicogi jusqu’à la construction du marché de Belleville. Cette parcelle en deux blocs a fait partie du patrimoine de la Sicogi mais en 1980, les occupants du bloc 1 ont été déplacés pour faire place au marché tandis que le site actuel, le block 2 qui devait aussi être rasé, a été déclaré d’utilité publique. Depuis lors, un conflit oppose les habitants à la Sicogi et un procès est en cours.
C’est dans cette situation que des huissiers munis de papiers de justice, aidés de gros bras, ont commencé à vider les logements le 3 juillet. Deux jours après, des bulldozers encadrés par des forces de l’ordre se sont mis à raser les habitations, laissant une cinquantaine de familles dehors en pleine saison des pluies.
En dépit de sa prétendue lutte contre les morts en saison pluvieuse, l’État préfère faire d’une pierre deux coups : récupérer des terrains lucratifs et en même temps faire place nette, surtout que le lieu se trouve à proximité d’un espace où doivent se tenir des spectacles de la francophonie.