Un État qui ne supporte pas la liberté de presse

12 juin 2017

ÉTHIOPIE

Un opposant est en passe d’être jugé parce qu’il est reconnu coupable « d’incitation au terrorisme » par les autorités éthiopiennes. Il s’agit de Yonathan Tesfaye, un des dirigeants d’un parti d’opposition, le Parti Bleu. Son crime c’est d’avoir dénoncé, dans les pages Facebook de son organisation, la violence du pouvoir lors des manifestations des populations Oromo et Amharas en 2015-2016. Ces deux ethnies constituent 60% de la population alors que l’État central est depuis plus de 25 ans entre les mains des personnes issues de l’ethnie minoritaire des tigréens qui n’en représentant que 10%. Elles se sont soulevées contre cette oppression.

La répression des manifestations de 2015-2016 a fait plus de 700 morts, selon des organisations de défense des droits de l’Homme. Le pouvoir central a renforcé sa dictature en décrétant l’état d’urgence. Plus de 11 000 personnes ont été arrêtées depuis son instauration ; la plupart d’entre elles ont ensuite été libérées après avoir suivi un programme de « rééducations et conseils ». De la même manière, des blogueurs et des organisations comme « Collectif Zone 9 », ont été accusés de favoriser des attaques terroristes sous prétexte de coopération avec un groupe d’opposition appelé Ginbot 7 se trouvant aux États-Unis.

Les autorités répriment et emprisonnent des journalistes et des membres des médias qui osent dénoncer leurs abus ou sont favorables à des changements. La liste est longue. Parmi eux, il y a Eskinder Nega qui purge actuellement une peine de 18 ans de prison. D’autres blogueurs attendent l’issue de leur jugement. Bien d’autres s’autocensurent, démissionnent ou prennent le chemin de l’exil.

L’État éthiopien est connu pour être l’un des pires en matière de liberté d’expression. C’est le troisième pays d’Afrique en nombre de journalistes incarcérés après l’Égypte et l’Érythrée. Dans ce pays, la plupart des journaux, stations de radio et chaînes de télévisions sont contrôlés par l’État et ne diffusent que la voix du maître.

Les dirigeants éthiopiens se vantent d’avoir un taux de croissance à deux chiffres et d’attirer de plus en plus d’investisseurs étrangers. Ils se frottent les mains car c’est une opportunité de plus pour se remplir les poches. La bourgeoisie locale profite aussi de l’aubaine pour faire de bonnes affaires sur le dos des travailleurs. Mais pour que tout ce petit monde de margoulins et d’exploiteurs puisse s’enrichir en toute tranquillité, ils ont besoin d’une dictature féroce sur la majorité de la population … jusqu’à ce que la révolte des opprimés les emporte.