Éditorial

Ce ne sont pas les mesures d’intimidation ni les barrières qui mettront fin au flux migratoire

20 février 2017

ÉDITORIAL

 

Pour tenter d’endiguer la vague migratoire des ressortissants africains vers l’Europe, les dirigeants de l’UE (Union Européenne) proposent de débloquer un fonds pour financer « un plan d’investissement » à certains États africains. Cet argent est, selon les dirigeants de l’UE, destiné à « développer l’économie locale » et à « créer de l’emploi » en Afrique afin d’y fixer ses populations. Mais ce n’est que de la poudre aux yeux.

Les millions d’euros débloqués iront directement dans les caisses des États concernés par ce plan en échange de quoi ils devront renforcer la répression contre ceux qui voudront sortir de l’Afrique dans l’espoir de trouver une vie meilleure en Europe. Les principaux pays bénéficiaires de ces aides sont : la Libye, le Mali, le Niger, le Sénégal, la Guinée Conakry et la Côte d’Ivoire. L’UE veut que la Libye verrouille ses côtes pour empêcher la traversée de la Méditerranée. C’est ce même rôle qui est dévolu à la Turquie pour retenir les migrants qui voudraient rejoindre l’Allemagne, la France ou l’Angleterre en passant par la Grèce. En échange de l’argent qui sera versé au gouvernement libyen, celui-ci augmentera la superficie de ses camps de réfugiés pour parquer les migrants avant de les expulser vers leurs pays d’origine.

La Libye sous la dictature de Kadhafi avait déjà conclu un accord du même genre en 2009 dans le cadre du Frontex, mais après la guerre que les pays européens ont menée contre le régime de Kadhafi et la mort de ce dernier, le nouveau régime libyen s’est montré impuissant à effectuer le sale travail de garde chiourme.

Les autres dirigeants africains qui recevront ces « aides » (dans une moindre proportion) feront aussi leur part de sale boulot contre leurs propres populations. Une partie de cet argent sera consacrée à la construction de centre de rétention, à renforcer les contrôles aux frontières et à traquer les candidats à l’émigration clandestine. Le reste de l’argent ira tout droit dans leurs caisses personnelles.

Ce ne sont pas ces mesures répressives qui mettront fin au flux migratoire. Si des dizaines de milliers de personnes traversent la Méditerranée en risquant leur vie sur des embarcations de fortune (après avoir parfois risqué leur vie dans la traversée du Sahara), c’est parce qu’elles fuient la misère ou là guerre (parfois les deux à la fois) ; c’est une question de survie. Les États des pays riches d’Europe sont en grande partie responsables de la situation catastrophique dans laquelle sont plongées les populations africaines. C’est l’ordre impérialiste dont ils sont les garants qui maintient les populations dans la misère, c’est leur système de domination qui est responsable des guerres et des massacres. Ce sont eux qui maintiennent des dictatures en Afrique pour perpétuer le pillage du continent.

C’est à tout ce système inique que les travailleurs devront mettre fin un jour afin que personne ne soit obligé de risquer sa vie, de quitter ses êtres chers pour tenter de survivre en s’exilant. Dans un monde débarrassé du système capitaliste, l’émigration ne sera ressentie ni comme une malédiction, ni comme un fardeau mais comme une aventure humaine exaltante ; quant aux frontières, elles seront reléguées à la poubelle de l’histoire.