Une délégation de la CGT interdite de séjour
Tchad
Par deux fois, des syndicalistes de la CGT (France) qui voulaient se rendre au Tchad pour apporter leur soutien aux travailleurs en grève ont essuyé un refus catégorique, en décembre et début janvier. Motif : « Les syndicalistes et les journalistes ne sont pas les bienvenus », leur a intimé le Premier conseiller de l’ambassadeur du Tchad à Paris.
À N’Djamena, le président de l’Union des syndicats du Tchad (UST), a vivement critiqué cette interdiction en disant notamment que « le gouvernement craint que la venue d’une délégation syndicale étrangère ne mette en lumière ses difficultés ».
C’est depuis près de cinq mois qu’une grève générale est observée sur l’ensemble du territoire à l’initiative de l’UST qui regroupe les principaux syndicats du pays, pour obliger les autorités à satisfaire sa « plateforme revendicative » dont voici les principaux points : augmentation générale des salaires, rétablissement des primes et indemnités des fonctionnaires et agents de l’État réduites de 80 %, versement régulier et à temps des salaires, paiement des arriérés, des pensions-retraite, rétablissement des bourses des étudiants supprimées.
Face à ces revendications, le pouvoir a choisi la manière forte : la répression. La dernière des répressions s’est abattue sur les travailleuses, membres de l’UST. Le 6 décembre dernier, elles ont arrêté le principe d’une « marche pacifique » nationale pour réclamer le versement des salaires et les conditions d’existence décentes. La Bourse du travail, lieu du rassemblement pour la marche a été bouclée par la police et l’armée. Les travailleuses qui s’y rendaient ont été dispersées à coups de gaz lacrymogène.
Idriss Deby se croit tout permis. Fort du soutien de l’impérialisme français qui a fait de lui l’un des piliers de la lutte contre les extrémistes religieux au Sahel, notamment au nord du Mali et au nord du Nigeria, Deby redouble de férocité contre les opposants, s’attaque aux libertés politiques et syndicales. Le refus de délivrer des visas aux syndicalistes de la CGT en dit long.
Après près de cinq mois de grève générale, l’UST a décidé le 11 janvier la suspension du mouvement pour un mois, délai pendant lequel le gouvernement est appelé à satisfaire les revendications des travailleurs. Si rien n’est fait, avertit l’UST, elle sera dans l’obligation d’appeler à la reprise de la grève sur toute l’étendue du territoire.