Les promesses présidentielles n’engagent que ceux qui y croient

20 janvier 2017

Madagascar

Comme chaque année en pareille période, le Président Hery Rajaonarimampianina a énuméré ses réalisations. Cette année, comme les années précédentes il en a fait l’étalage. Elles ont consisté à couper des rubans d’inaugurations de complexes hôteliers pour touristes. Leurs riches propriétaires pourront peut-être s’en mettre pleins les poches.

Dans les journaux du pays, les plumitifs qui expriment généralement les opinions de cette couche sociale privilégiée, n’y croient pas eux-mêmes. Certains avouent que le « message d’espoir n’est pas passé ». Quelques grâces et autres amnisties ont été formulées, comme d’habitude. D’autres journaux disent que « les fléaux sociaux vont s’accentuer », ils disent cela parce qu’ils le craignent. Ils ont raison de le redouter.

Lors de l’année qui vient de s’écouler, il y a eu des grèves de fonctionnaires administratifs, il y a eu aussi des mouvements d’enseignants pour le paiement de leurs salaires bloqués, régularisés avec trop de retard. Le personnel de santé n’a pas été de reste, celui de Befelatànana, un grand hôpital de la capitale a fait connaître son mécontentement contre les détériorations multiformes qui d’années en années, l’ont progressivement transformé en sorte de mouroir pour pauvres. Concernant les étudiants, leurs bourses, même dérisoires, sont délivrées au compte-gouttes et lorsqu’ils se rassemblent devant les bureaux, ils se trouvent devant des portes closes.

Les coupures de courant se généralisent dans tout le pays. La compagnie Jirama qui fournit l’électricité et l’eau, n’arrive plus à approvisionner suffisamment, loin s’en faut. Dans la capitale Antananarivo il y a des coupures de 6 à 8 heures par jour. Des délestages sont pratiqués au détriment des quartiers où habite la population pauvre. Dans les villes de province, le courant peut être coupé pendant 3 jours d’affilée. Les dirigeants du pays font semblant de s’en étonner, mais le budget qu’ils ont consacré à cette société appartenant à l’État, est en diminution par rapport à celui de l’année dernière. Dans le même temps celui de la police, de la gendarmerie et d’autres forces de répression, est en augmentation. Comme ça, du point de vue de ceux qui dirigent, ces gens pourront matraquer encore plus efficacement ceux qui n’acceptent pas cette situation.

Dans les secteurs épices en général c’est à dire vanille, poivre, girofle, des bénéfices colossaux sont engrangés par les capitalistes. Là, ainsi que dans le secteur riz, les seules choses qui sont dénoncées par les grands journaux, ce sont les quelques vols dans les champs, perpétrés par des affamés et autres laissés-pour-compte. Dans le secteur litchis, ces fruits qu’on trouve actuellement sur toutes les bonnes tables de France et d’autres pays européens, les bénéfices engrangés par les capitalistes sont colossaux, mais l’exploitation des travailleurs est le dernier de leurs soucis.

La classe ouvrière du secteur privé est certes minoritaire dans le pays mais c’est elle qui produit l’essentiel des richesses dont les capitalistes s’accaparent sous forme de profits en payant des salaires de misère pour des conditions de travail souvent infernales et des journées longues. Ce qui se passe à l’intérieur des zones industrielles ou franches, est « ignoré » par ces journalistes et par les partis politiques actuels. Les rares fois où ils en parlent, c’est pour déverser leur fiel contre les travailleurs en faisant croire, que leurs mouvements « mettraient en péril l’économie du pays ». C’est en substance ce que la télé et les grands journaux ont claironné lors des coups de colère de ceux de la zone franche de Tanjobato par exemple.

Viendra le moment où les travailleurs et tous les laissés-pour-compte de l’exploitation capitaliste leur feront avaler leur caquet. La classe ouvrière n’a pas dit son dernier mot… Eh bien, puisque la période est aux vœux, nous en faisons un pour cette année, c’est celui que les travailleurs bougent et que collectivement ils prennent conscience de la force qu’ils représentent.