Les petits cultivateurs de coton à la merci des gros requins de la filière
Mali
Les dirigeants de la CMDT (Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles) se frottent les mains parce que grâce à la bonne pluviométrie de l’hivernage en cours, ils espèrent que la récolte de coton sera bonne et qu’ils vont battre des records de production. Le Mali qui est déjà le premier pays producteur de coton en Afrique, va conforter sa place d’autant plus que l’État qui est le principal actionnaire de la CMDT a augmenté de 3,5 % la superficie de terre consacrée à la culture de cette plante.
Du côté des paysans, cet optimisme est moins partagé car la question qui les préoccupe, c’est celle du prix auquel la CMDT va acheter leur production. En effet, ils ont raison d’être inquiets car les dirigeants de la CMDT pensent avant tout à leurs intérêts propres. Ils poussent les petits paysans à s’engager toujours plus dans la filière du coton et ceux-ci finissent par être liés pieds et poings au bon vouloir de la compagnie qui n’est elle-même qu’un des maillons du marché mondial du coton dominé par quelques trusts de l’agro-business. Quel que soit le prix du coton sur le marché mondial, la CMDT – et derrière elle l’Etat malien – prélève sa part du gâteau sur le dos des paysans.
Ce qui est vrai pour la filière du coton l’est aussi pour toutes les autres matières premières. Un nombre toujours plus grand de paysans se trouvent piégés dans la production des cultures de rente au détriment de l’agriculture vivrière, indispensable à l’alimentation de la population. Finalement c’est l’écrasante majorité de la population qui subit les conséquences désastreuses de ce système capitaliste dans lequel ceux qui produisent les richesses sont à la merci des gros requins qui font la pluie et le beau temps.