La république change de numéro mais avec le même dictateur
Tchad
Depuis le 4 mai dernier, L’État tchadien est à sa quatrième République suite à l’adoption d’une nouvelle constitution concoctée par des juristes à la botte du dictateur Deby.
Ce changement a été imposé malgré les protestations de la plupart des dirigeants des partis d’opposition qui ont dénoncé un « hold-up constitutionnel ».
Déby a fait supprimer le poste de Premier ministre ainsi que celui de Vice-président. Il s’est débarrassé aussi des institutions comme le Conseil constitutionnel et la Cour des comptes. C’est autant de postes de sinécures en moins pour certains prétendants à la mangeoire gouvernementale.
Il a ensuite décrété que désormais, tous les membres du gouvernement de la IVème République doivent prêter serment, la main sur le coran avant d’entrer en fonction. Mais des protestations ont fusé de la part des chrétiens et de la hiérarchie catholique. Il a cédé : les chrétiens peuvent prêter serment la main sur la bible. Mais une femme d’obédience chrétienne fraîchement nommée dans ce gouvernement a refusé de le faire. Deby l’a tout simplement remerciée.
À Sarh dans le Sud, une délégation dépêchée par Deby pour installer le nouveau Sultan dans une région à majorité chrétienne et animiste a essuyé un échec. Qualifiant d’« aberration » cette initiative de Ndjaména, le Préfet de Sarh a refusé de participer à la cérémonie d’investiture.
Deby projette-t-il de faire de sa IVème République une République islamique ? On ne connaît pas ses intentions pour le moment. Mais ce que l’on peut constater, c’est qu’il cherche toujours, par des mesures de ce genre, à rallier à lui les populations du Nord en majorité musulmane. Cette politique ne date pas d’aujourd’hui. Feu le dictateur Tombalbaye s’appuyait également sur les populations du Sud pour gouverner.
Aujourd’hui, la politique dictatoriale de Deby rencontre de fortes oppositions malgré la répression. Les conséquences désastreuses de la crise, les mesures draconiennes de réductions de salaire frappent durement les travailleurs et les petites gens, qu’ils soient du Nord ou du Sud, qu’ils soient musulmans, chrétiens ou animistes. Ils sont obligés de trimer encore plus pour survivre alors que les dirigeants vivent dans un luxe insolent avec l’argent public volé dans la caisse de l’État.
Partout dans les grandes villes, le mécontentement monte et la colère gronde parmi les populations déshéritées. Pour le moment, les travailleurs de la fonction publique qui étaient en grève, observent une pause. Ils attendent que le gouvernement tienne sa promesse et paie leur « salaire intégral ». S’ils ne sont pas satisfaits, ils ont averti qu’ils allaient reprendre la grève et mettre leur poids dans la balance. Mobilisés, ils constituent une importante force qui peut faire basculer le régime dictatorial de Deby, soutenu à bras le corps par l’impérialisme français.