La population lasse de la guéguerre entre grands leaders

15 juin 2018

Madagascar

Depuis le 21 avril un rassemblement se tient chaque jour devant l’hôtel de ville d’Antananarivo. Ces rassemblements se tiennent à l’appel de 73 députés liés aux deux principaux partis d’opposition. Il y a d’une part le MAPAR de Rajoelina un ancien chef d’Etat tenu à l’écart par les grandes puissances, lors de la précédente compétition électorale. Un autre parti politique, ennemi juré de celui-ci est le TIM du richissime Ravalomanana. Il a également été au pouvoir durant quelques années, avant d’en être écarté par la rue et par une mutinerie de soldats. En cette période préélectorale l’un comme l’autre se sont rabibochés et leurs députés respectifs encadrent ces rassemblements.

Hier ils faisaient s’entretuer leurs partisans respectifs, aujourd’hui ils sont des alliés de circonstance. Si l’un ou l’autre de ces leaders arrive au pouvoir demain, il ne manquera pas de susciter à nouveau des affrontements car rien de particulier ne les oppose à part leurs ambitions personnelles.

Lors des premières manifestations en avril dernier, une partie de la population pauvre, en colère contre la misère et contre les multiples privations imposées par le régime actuel dirigé par Rajao-arimampianina, s’est engouffrée dans la contestation. Il y a eu plusieurs morts. Mais plus les jours passaient et plus la population pauvre s’en détournait, ne restaient que les partisans de cette opposition sur la place du 13 mai. De nombreuses voix se font entendre parmi la population pauvre et parmi les travailleurs pour exprimer la lassitude qui prévaut actuellement à la capitale et dans le pays.

Le Premier ministre Olivier Mahafaly a été limogé et remplacé par Ntsay, un dirigeant d’un organisme international, non compromis auprès des partis politiques. Il composera dans les jours à venir un nouveau gouvernement sensé être d’Union nationale pour permettre la bonne tenue des prochaines élections présidentielle puis législative prévues pour dans quelques mois, avant la saison des pluies.

Dans quelques semaines tout ce monde de parvenus petits et grands sillonneront le pays, certains distribueront des tee-shirts et autres pagnes à leur effigie, d’autres ou les mêmes organiseront des fêtes lors de leurs tournées de campagnes autour des artistes chantant leurs louanges. Des billets de banque seront distribués à ceux qui font les cortèges. Pour le moment ces élections annoncées ne suscitent pas l’enthousiasme et à juste raison car les principaux politiciens ont déjà été au pouvoir et n’ont rien changé en faveur des classes pauvres, si ce n’est en pire.