La grève générale continue dans le secteur public
Tchad
Cela fait un mois que les travailleurs du secteur public ont arrêté le travail pour protester contre les coupes claires constatées dans les bulletins de paye de janvier. En effet contrairement aux promesses du gouvernement de ne pas toucher aux salaires, les fonctionnaires et les agents de la fonction publique ont eu la désagréable surprise de constater que leurs salaires avaient été amputés : les primes et les indemnités n’ont pas été versées.
Des négociations ont eu lieu le 1er mars entre les syndicats et le dictateur Idriss Deby mais cela n’a rien donné. Dans un compte rendu aux travailleurs venus nombreux l’écouter à la bourse du travail de Ndjaména, le porte-parole de la Plateforme syndicale (l’Union des syndicats du Tchad -UST-, le Syndicat des enseignants et chercheurs du supérieur -SYNECS- et la Confédération indépendante des syndicats du Tchad -CIST-) a indiqué que le chef de l’ a appelé à la reprise des activités, du dialogue et que le salaire du mois de février sera payé sans les jours de grève.
Les grévistes ne sont pas d’accord. Ils décident de poursuivre la grève. Pour eux, « il n’est pas question de lever la grève tant que l’avantage coupé n’est pas restauré et le décret 687 doit être abrogé ». D’un commun accord, ils ont appelé de nouveau à une « grève générale illimitée ».
Rappelons que les travailleurs réclament entre autres, l’annulation du Décret 687 portant réduction des indemnités, la suppression des abattements des salaires de 5 à 45% du personnel civil de l’ ainsi que les augmentations des impôts et taxes, réduisant ainsi à néant le pouvoir d’achat des travailleurs.
Face à la grogne sociale, le gouvernement multiplie la répression : des manifestants sont arrêtés et jetés en prison. Certains sont torturés. Le pouvoir interdit les manifestations, les rassemblements sont dispersés à coups de grenades lacrymogènes, la police tire parfois sur eux à balles réelles ; il y a eu des morts et des blessés graves. Les partis politiques qui soutiennent les grévistes ou qui appellent à des manifestations sont interdits… Le bras de fer continue donc entre le gouvernement du dictateur Idriss Deby et les dirigeants des centrales syndicales.
La mobilisation tient bon malgré la répression et les intimidations. La grève des fonctionnaires peut toucher de nouveau le secteur privé comme ce fut le cas le 5 février dernier, où le personnel des banques privées, des opérateurs de téléphonie mobile notamment, ont cessé le travail par solidarité. Si tel est le cas, Deby et son gouvernement de voleurs et de trafiquants, aux ordres du grand capital et avec le soutien tacite de l’impérialisme français, seront bien obligés de satisfaire les revendications.