Un régime dictatorial corrompu de la tête aux pieds

10 juillet 2016

Mauritanie

Le journal le Monde-Afrique a fait part d’une enquête du « gendarme de la Bourse américaine », la Securities and Exchange Commission (SEC), et du département de la justice américain sur les pratiques de la société Kinross, cinquième plus grand producteur d’or au monde. Cette enquête aurait révélé l’existence d’une pratique de corruption entre cette société canadienne et le régime du président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, au pouvoir depuis 2008.

Ce journal décrit les liens multiples entre cette société et l’appareil d’État mauritanien. Il écrit par exemple que : « A Nouakchott, quantité de hauts fonctionnaires et de proches du président ont profité des largesses de Kinross Gold Corporation. Les agents des douanes et les gendarmes qui protègent le site (de la mine d’or de Tasiast) sont ainsi directement rémunérés par le groupe minier canadien et liés par contrat. Des soupçons de corruption touchent jusqu’au plus haut niveau de l’État ». On apprend que le vice-président de la TMLSA (la filiale mauritanienne de Kinross qui exploite la mine d’or de Tasiast), un certain Melaïnine Ould Tomy, n’est autre que le cousin du président mauritanien. Il aurait la quasi-exclusivité sur la sous-traitance de la mine de Tasiast. Que ce soit avec MPL, sa société de transport, ou Azima, l’entreprise de BTP de son beau-frère, son réseau aurait bénéficié de près de 30 millions de dollars de la part de Kinross.

Ce qui a été relaté par ce journal n’est probablement qu’une toute petite partie des accointances entre les dirigeants mauritaniens et les grandes sociétés capitalistes opérant dans le pays (extraction de l’or, du fer, la pêche, le pétrole). L’État mauritanien est corrompu de la tête aux pieds. Les hauts dignitaires du régime, les hauts cadres de l’administration et de l’armée mènent un train de vie de nabab. Leur fortune provient directement ou indirectement de l’exploitation des travailleurs.