Une censure dictée par les islamistes

10 mai 2016

SÉNÉGAL

Les dirigeants sénégalais se vantent souvent d’être « un modèle de démocratie en Afrique », mais ils sont à genoux devant les grands marabouts des confréries religieuses qui règnent en maîtres absolus dans leurs « villes saintes ».

C’est sous la pression de ceux-ci, à travers diverses associations islamiques, que le 28 mars dernier, le gouvernement sénégalais a interdit la vente d’un livre de la chercheuse et historienne Héla Ouardi, « Les derniers Jours de Muhammad », sous prétexte qu’il serait « blasphématoire ».

De nombreux hommes politiques se sont joints à cette censure en disant qu’il ne faut pas tolérer les œuvres qui remettent en question la religion musulmane. On n’a pas vu non plus une levée de boucliers dans le milieu des intellectuels et des journalistes sénégalais pour défendre la liberté d’expression. Heureusement, il y en a quelques uns qui ont osé critiquer la censure. Ils dénoncent la montée d’un « fanatisme mou » au Sénégal, « une forme de police tropicale du vice et de la vertu », « une volonté de caporalisation des intellectuels, des journalistes, des écrivains et des chercheurs dès qu’il s’agit de la question religieuse ».

Les intellectuels qui dénoncent la dictature que veulent imposer les associations islamistes sur la société sont minoritaires mais ils ont raison. La liberté d’expression n’est pas seulement indispensable aux intellectuels, c’est aussi un besoin vital pour les travailleurs car elle permet de s’organiser et de se défendre contre toute forme d’exploitation et d’oppression.