Il y a 20 ans, le génocide au rwanda
Le 6 Avril 1994, lorsque l’avion du président rwandais Habyarimana a été abattu d’un tir de missile à proximité de l’aéroport de Kigali la capitale du pays, un véritable génocide a déferlé dans tout le pays. En moins de cent jours, près d’un million de Tutsis et de Hutus modérés ont été éliminés à coups de machettes et de mitrailleuses par le clan du président, qui a trouvé la mort dans cet attentat. Des centaines de milliers de gens ont étés entrainés à en assassiner d’autres centaines de milliers, leurs propres voisins, leur propre entourage.
Dans les années qui ont suivi l’indépendance de ce pays, les dirigeants politiques ont systématiquement soufflé sur les braises de l’ethnisme. Les deux communautés étaient en réalité deux catégories sociales qui partageaient la même langue et la même culture, que la colonisation avait érigées en ethnies rivales.
Pendant des années les radios et télévisions ont répété à la population hutue crédule que tout était de la faute de leurs voisins Tutsi. Si le chômage fait rage et que les gens ne trouvent pas de boulot, c’est la faute aux Tutsi. Pas d’écoles ni d’hôpitaux ? C’est la faute aux Tutsi. Ceux qui lisent le journal de telle couleur : des Tutsi mauvais. Le journal d’une autre couleur : des Hutu méchants. Et allons, crient les meneurs, brûler les imprimeries de ceux qui les éditent et les kiosques qui les vendent !
Et tout cela, dans une période où la misère galopant dans les campagnes, les différentes communautés se retrouvent mêlées, imbriquées et fusionnées dans les grandes villes comme Kigali, mais aussi Nairobi, Kinshasa ou Abidjan, au sein desquelles les mariages mixtes se développent, où les barrières ethniques se dissolvent dans la population mêlée.
Ce sont les politiciens arrivistes, soutenus par des impérialistes plus ou moins complices et rivaux en même temps, qui ont attisé les différentes ethnies pour protéger leurs intérêts et ceux de leurs maîtres impérialistes en utilisant une ficelle du vieux colonialisme : diviser pour régner.
Mais dans les mégapoles africaines aujourd’hui, les pauvres, les prolétaires, les démunis, subissent les mêmes conditions de vie infernales quelle que soit l’origine ethnique ou géographique de leurs parents. Que ceux-ci proviennent des quatre coins cardinaux du pays ou d’un pays limitrophe à la faveur des vagues successives d’immigrations qui ont jalonné l’histoire, n’a plus beaucoup de sens dans la réalité d’aujourd’hui, sauf pour les xénophobes. Les travailleurs peuvent prendre conscience que ce n’est qu’en s’unissant par delà les origines ethniques et au nom de leurs intérêts communs, qu’ils peuvent affronter leurs vrais ennemis : les capitalistes.
L’État français responsable et coupable
C’est une évidence que les gouvernements français de l’époque, droite et gauche confondues ont une responsabilité écrasante dans le génocide. Ils avaient choisi de soutenir le gouvernement Hutu, seul garant à leurs yeux des intérêts des capitalistes français dans cette partie de l’Afrique dite des « Grands lacs », au sous-sol regorgeant de richesses.
Sans l’armement par la France, pas de milice Hutu ! Sans le corridor fait aux massacreurs Hutu, aucun d’entre eux n’aurait pu s’enfuir après avoir commis leurs horreurs !
Le génocide est une réalité que seuls des menteurs cyniques comme les autorités françaises peuvent nier. Cela ne fait pas de Kagamé un démocrate sans tache. Et les autorités américaines qui le soutiennent aujourd’hui n’hésiteront pas à se débarrasser de lui et à l’assimiler à un horrible dictateur si d’aventure il se détournait d’elles. C’est ce qu’elles ont fait avec Saddam Hussein qui est passé du statut de grand ami de la démocratie à celui du pire ennemi de la liberté quand il a osé défier le gouvernement américain en cherchant à brigander pour son propre compte.