Boko Haram continue de massacrer et de terroriser la population
Nigeria
Deux mois après l’enlèvement de plus de 200 jeunes lycéennes de la ville de Chibok par les islamistes de Boko Haram, le gouvernement nigérian qui se dit résolu à anéantir ce mouvement, se distingue surtout par son impuissance. Les ravisseurs courent toujours car ils bénéficient d’un soutien indéniable au sein de l’appareil d’État. Ils viennent de commettre de nouvelles tueries et de procéder à de nouveaux enlèvements de femmes dans le village de Kummabza, situé dans l’État de Borno, où une trentaine de personnes ont été tuées et plus de 60 femmes enlevées. Trois autres villages ont été également attaqués et des habitants y ont été massacrés à cause de leur appartenance à une autre religion ou à cause du fait qu’ils ne pratiqueraient pas la religion musulmane selon les critères préconisés par Boko Haram. Le simple fait d’envoyer les jeunes filles à l’école est considéré par ces fanatiques comme un péché. Selon eux, une jeune fille doit être donnée en mariage dès l’âge de 12 à 13 ans et tout parent qui contrevient à cette règle mérite la mort.
L’arriération mentale de ces gens-là n’a pas de limite. Un de leurs dirigeants, Abubakar Shekau, qui s’exprime à travers des vidéos, a interdit à la population d’écouter de la musique ou de regarder la retransmission des matchs de football à la télévision car se serait, selon lui, des « perversions venues de l’occident » dans le but de dévier les musulmans de la religion. C’est ainsi que ses partisans ont « puni » ceux qui n’ont pas suivi ses interdits. Dans la ville de Damaturu, située dans l’État de Yobe, alors qu’une grande foule regardait la retransmission d’un match de football du mondial, le mouvement islamiste Boko Haram a fait exploser une bombe. Il y a eu 21 morts. Quelques jours plus tôt, au début du mois de juin, une autre explosion, dans une autre ville, toujours lors d’une retransmission de match, a fait au moins 43 morts.
Le mouvement Boko Haram veut instaurer un Etat islamique au nord du Nigéria. Il n’y est pas encore parvenu mais depuis 2009, il a déjà fait plusieurs milliers de morts. Mais si ce mouvement fanatique réussit un jour à prendre le pouvoir, ce sera pour la population pauvre, musulmane ou pas, une dictature encore plus féroce que celle actuelle de généraux et des civils.
Dans la situation actuelle, une partie importante de la population pauvre, surtout dans les États du Nord et du Nord-est, vit déjà dans des conditions matérielles misérables auxquelles s’ajoutent le poids des traditions et des règles moyenâgeuses édictées par des imams et des roitelets locaux. Le pouvoir central d’Abuja s’accommode très bien de ces vieilleries réactionnaires, il s’appuie même sur elles pour asseoir sa dictature et mettre la main sur les revenus pétroliers et les caisses de l’État. Ce qui gêne le président Goodluck Jonathan, et derrière lui les dirigeants des puissances occidentales, ce ne sont pas les idées religieuses réactionnaires prônées par Boko Haram, c’est surtout la remise en cause de l’autorité centrale de l’État qu’il dirige car cela empêche son clan et sa bande de voleurs, de parasites et d’assassins de s’enrichir tranquillement.