Le nouveau pouvoir et sa prétendue lutte contre la corruption

13 février 2014

Mali

 

A chaque fois qu’un nouveau chef d’Etat s’installe au pouvoir au Mali, il clame haut et fort que la lutte contre la corruption sera au centre de sa préoccupation. IBK, le nouveau locataire du palais de Koulouba, a dit que ce sera sa « priorité pour 2014 ». Une centaine de dossiers seraient déjà devant le juge et que de nombreuses personnalités proches de l’ancien président ATT, ainsi que celles proches de Dionkounda Traoré seraient convoquées pour répondre à des accusations de malversation.

Selon Amadou Ousmane Touré, qui fait figure de « monsieur anti-corruption » du régime, une somme de près de 50 milliards de francs Cfa auraient été détournée des caisses de l’Etat, rien qu’au cours de l’année 2012. Et cela ne constituerait qu’une partie des détournements car ils ne concernent que « 20 dossiers ». Il parle d’une « véritable mafia financière ». Rien que pour le PMU-Mali (partenaire du Pari Mutuel Urbain français), environ 34 milliards de F Cfa auraient été subtilisés au détriment de l’Etat malien, soit 3% du budget de l’Etat. Il cite aussi le cas de l’attribution de la troisième licence de téléphonie mobile au groupe Planor Monaco Telecom, sous le régime de transition de Dionkounda Traoré, (Modibo Diarra était alors le Premier ministre tandis que le capitaine Sanogo était à la manœuvre).

De nombreux ministères sont pointés du doigt (l’Education, la Santé, les Travaux publics, etc.). Mais jusqu’ici aucun des ministres n’a nommément été mis en accusation directement.

Aucun travailleur n’ignore l’état de la corruption au Mali. Tout le monde sait que pour obtenir le moindre papier administratif, il faut mettre la main à la poche. Tout le monde sait que pour voyager d’une ville à une autre, il faut graisser la patte des gendarmes, militaires et douaniers. Tout le monde sait que l’argent destiné à réaliser des infrastructures utiles à la population est détourné par ceux qui sont sensés les réaliser et que pour financer des écoles, des maternités, des retenues d’eau pour les champs ou des forages d’eau potable, ce sont les travailleurs Immigrés eux-mêmes qui sont obligés de cotiser pour les prendre en charge dans leur village.

Pendant que la majorité de la population se démène quotidiennement pour trouver de quoi manger et payer son loyer, une minorité de riches maliens se vautre dans la richesse dans des villas bien climatisées autour de Bamako. Ce n’est pas en travaillant que cette minorité amasse des richesses mais surtout en détournant l’argent dans les caisses de l’Etat.

Derrière la prétendue lutte contre la corruption du nouveau président, il y a surtout son envie de se débarrasser de quelques hauts-fonctionnaires et de quelques politiciens de l’ancien régime pour installer son propre clan de voleurs. Quelques têtes vont changer mais tout le reste continuera comme avant, tant que les travailleurs et les classes pauvres maliennes ne prendront pas eux-mêmes leur destinée en main en s’organisant pour défendre leurs propres intérêts.