Les trusts miniers ralentissent la production et jettent des travailleurs à la rue
Madagascar
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La société exploitant le nickel et le cobalt dans la mine d’Ambatovy située entre Antananarivo et Toamasina a annoncé qu’elle se débarrasse de 338 employés mis au chômage technique depuis le mois de juin. Selon la direction de cette société, cette décision est la conséquence de la baisse du prix de ces métaux sur le marché mondial, consécutivement au ralentissement de l’économie depuis la crise de 2008. Les entreprises qui assurent des prestations ou des sous-traitances risquent également d’être touchées, selon un communiqué à la presse, de Tim Dobson, président de cette mine d’Ambatovy.
Entre l’extraction du minerai et sa transformation en « galets » commercialisables, le nombre de travailleurs avoisine le chiffre de 9000. Le trust Sheritt International qui exploite cette mine depuis de nombreuses années et qui a réalisé d’énormes profits engloutis dans les portefeuilles des actionnaires, prend aujourd’hui prétexte de la conjoncture défavorable, pour réduire ses coûts. En jetant les travailleurs à la rue, cette compagnie les condamne à la misère car dans ce pays pauvre la plupart d’entre eux n’ont aucune chance de retrouver un emploi.
Il est possible que les dividendes versés à l’État malgache par cette firme soient revus à la baisse, ce qui se traduira par des dégradations des services publics utiles à la population. Mais les dirigeants se taisent sur cette question pour ne pas nuire à « l’attractivité » du pays.
Une autre société minière en l’occurrence QMM SA, filiale du Trust Rio Tinto, est menacée de dissolution par ce dernier. Cette société basée à Tolagnaro (Fort Dauphin) dans l’extrême sud-est du pays tire l’ilménite et d’autres minerais très recherchés, à partir du sable des dunes côtières. Environ 1500 personnes (en comptant les emplois induits), sont menacées de leur gagne pain si QMM déclare faillite. Pour éviter cela, c’est l’État malgache qui aurait accepté de renoncer à percevoir ses dividendes en attendant que la reprise économique mondiale se fasse et que les profits de Rio Tinto, ce géant mondial du secteur minier, reprennent.
Les terres dont QMM s’est accaparées, appartenaient à des petits paysans qui y plantaient du manioc, des patates douces, des ananas, voire du riz. Ils sont en conflit foncier avec cette société qui refuse de les dédommager sous prétexte que ces terrains n’étaient pas bornés ou que leurs propriétaires n’avaient pas de « titres ». Le service des « domaines » mis en place par les autorités pour régler les litiges, laisse traîner la situation et mise sur la lassitude de ces personnes souvent pauvres.
Quant aux travailleurs et aux techniciens, il leur est demandé de faire beaucoup d’heures supplémentaires pour pallier les effectifs en diminution ces derniers mois. La colère est là mais la plupart d’entre eux l’intériorisent de peur de perdre leur emploi en cette période d’incertitude et de veille de fêtes.