Il y a 60 ans, la lutte des noirs contre la ségrégation raciale éclata au grand jour

27 décembre 2015

État-Unis d’Amérique

Le 1er décembre 1955, à Montgomery en Alabama (États-Unis), Rosa Parks, une travailleuse noire (couturière) refusa dans un bus, de céder sa place à un passager blanc. Elle fut arrêtée pour « désordre public et violation des lois locales » et jetée en prison, avec une amende de15 dollars.

La plupart des Noirs empruntaient chaque jour les bus pour aller travailler dans les usines ou chez des Blancs riches. Mais dans ceux de Montgomery, les quatre premiers rangs étaient réservés aux Blancs. Les Noirs, qui représentaient les trois quarts des usagers, devaient s’asseoir à l’arrière ou se tenir debout. Dans son autobiographie, Rosa Parks a notamment déclaré, à propos de son arrestation : «Les gens racontent que j’ai refusé de céder mon siège parce que j’étais fatiguée, mais ce n’est pas vrai. Je n’étais pas fatiguée physiquement, ou pas plus que d’habitude à la fin d’une journée de travail. (…) Non, la seule fatigue que j’avais était celle de céder ».

Certes Rosa Parks n’était pas la première personne « de couleur » à se dresser contre la ségrégation dans les bus. D’autres Noirs l’avaient payé durement, parfois de leur vie. Mais dans le cas de Rosa Parks, l’Association afro-américaine de Montgomery pour la défense des droits des Noirs (NAACP) voulait en faire un symbole..

Un jour après cette arrestation, cinquante dirigeants de la communauté afro-américaine dont Martin Luther King, un jeune pasteur peu connu à l’époque, se réunirent dans une église pour fonder le « Montgomery Improvement Association ». Martin Luther fut élu Président., Il y popularisa les théories de la « non-violence » et de la « désobéissance civile ». Le mouvement exigea l’application immédiate de trois revendications : 1) que les Blancs et les Noirs puissent s’asseoir où ils veulent dans l’autobus ; 2) que les chauffeurs soient plus courtois à l’égard de toutes les personnes ; 3) que des chauffeurs noirs soient engagés.

La veille du procès, 35 000 tracts étaient distribués pour inviter les Noirs à ne plus emprunter les bus le 5 décembre. Ce fut le début du boycott des bus de Montgomery qui dura 381 jours. La plupart des Noirs allaient à pied pour se rendre au travail ; d’autres prenaient des taxis conduits par des Noirs au tarif de bus.

Mais il n’y avait pas que des Noirs à faire le boycott. Des Blancs avaient rejoint le mouvement, certains par solidarité, d’autres parce qu’ils avaient besoin du travail de leurs employés noirs.

Ce mouvement de protestation contre les lois ségrégationnistes dans les transports publics à Montgomery, local au début, embrasa par la suite les États-Unis dans son ensemble. Ce n’était pas seulement dans les bus que les Noirs étaient humiliés quotidiennement. Il y avait aussi des écoles pour les Blancs, des écoles pour les Noirs ; des piscines pour les uns, des piscines pour les autres ; des WC publics pour les uns, les WC publics pour les autres, etc.

L’impact de la protestation de Montgomery aux USA et son écho dans le monde étaient tels que le 13 novembre 1956, la Cour suprême décida la suppression totale des lois ségrégationnistes dans les bus. C’était la victoire.

Le combat pour la fin de l’oppression n’est pas terminé parce qu’avec la lutte pour l’abolition de l’esclavage puis la lutte pour leurs droits civiques, les Noirs sont aujourd’hui, aux États-Unis, victimes de la répression accrue de la police, surtout contre les jeunes. Il ne fait pas bon d’être jeune, noir et pauvre. Pour les autorités, ils représentent un danger, Et pour cause ! Les autorités américaines ont peur que les dernières révoltes des jeunes sans travail qui ont ébranlé leur société ne recommencent. Alors ils font tout pour endiguer leurs révoltent futures quitte à maintenir certains dans des prisons sous prétexte de la lutte contre la drogue.

Dans toutes leurs luttes, les Noirs se battaient et se battent encore aujourd’hui, même sous un Président noir, pour leur «liberté», c’est-à-dire pour une vie meilleure.

Pour que les Noirs eux-mêmes et tous les travailleurs, qu’ils soient blancs ou noirs puissent avoir simplement une vie décente, il est indispensable de renverser la société capitaliste pour construire une nouvelle société.