Procès bidon pour juger les anciens collaborateurs de l’ex-président Hissen Habré
Tchad
Idriss Deby est peut-être satisfait : le procès des anciens collaborateurs de l’ex-Président Habré qu’il a organisé dès décembre 2014 à Ndjaména est maintenant terminé. Des vingt-huit accusés jugés pour « assassinats, tortures, coups et blessures » ou pour des « actes barbares » contre des détenus, sept ont été condamnés à la réclusion à perpétuité ; les autres ont écopé des peines de prison, avec amendes pour certains.
Pour l’organisateur de ce procès, la justice est ainsi rendue. Peut-être aussi pour certaines personnes naïves ou des jeunes qui ne sont pas au courant de l’existence de la Direction de la Documentation et de la Sécurité (la fameuse DDS), police politique mise en place par l’ex-dictateur Habré pour arrêter et assassiner des opposants ou tous ceux qui contestaient son régime barbare. Mais certainement pas pour les parents ou amis des victimes qui savent fort bien le rôle joué par Deby dans les tueries et les tortures. En effet il fut le lieutenant, le bras armé et l’exécuteur des basses besognes de l’ex-dictateur Habré. Selon les chiffres officiels, 1.208 personnes ont été assassinées ou sont décédées en détention, 12.321 ont été victimes des tortures.
A vrai dire, le procès de Ndjaména fut celui des seconds couteaux. Les deux gros poissons, ceux-là mêmes qui devraient être jugés en tout premier sont libres de leurs mouvements : Deby, l’actuel chef de l’État, et son ancien bourreau de maître, Hissen Habré.
Le comble, c’est que le premier s’est érigé en justicier pour condamner ses anciens complices ; l’autre continue de couler des jours tranquilles à Dakar, où il a obtenu depuis 1990 l’asile politique doré, en compagnie de sa famille et de ses proches. Quant à son procès pour « crimes contre l’humanité » qui aurait pu avoir lieu à Dakar, il a été plusieurs fois reporté pour divers prétextes : manque d’argent ou que le Sénégal ne serait pas habilité à le juger, etc.
Dernièrement Habré a été « arrêté » par les autorités sénégalaises et mis en prison. Mais l’on sait que c’est dans une prison dorée. Finalement c’est l’Union Africaine qui s’est proposée de le juger à Dakar même. Mais on sait que l’UA est composée de dictateurs peu enclins à juger leur semblable, fut-il un dictateur déchu. Ils n’aimeraient pas qu’ils soient traînés à leur tour dans la boue après la fin de leur mandat ou par un coup d’État ou par un tout autre événement comme récemment à Ouagadougou où le dictateur Compaoré à été chassé par un mouvement de contestation populaire.