Il y a 53 ans, le massacre du métro Charonne

27 février 2015

France

 

Le 8 février 1962, alors que le colonialisme français menait sa sale guerre coloniale en Algérie, neuf personnes tombaient au métro Charonne sous les coups de la répression policière d’une rare férocité. Ce jour-là des dizaines de personnes défilaient à Paris contre les attentats de l’OAS (Organisation de l’armée secrète).

La perspective d’une fin de la guerre d’Algérie s’est éloignée depuis la suspension des pourparlers de paix, le 28 juillet 1961, entre le GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne) et le gouvernement français. Aussi des éléments d’extrême droite de l’OAS multipliaient-ils les attentats en Algérie et en France pour faire pression sur le gouvernement français afin qu’il refuse l’indépendance de l’Algérie.

De leur côté, les organisations de gauche (PCF, UNEF, PSU, etc.) se mobilisaient autour du Comité Audin (Comité d’intellectuels luttant pour faire la lumière sur la disparition de Maurice Audin, militant du Parti Communiste Algérien). Le 7 février 1962, dix attentats sont commis, à Paris, par l’OAS, les cibles étant les universitaires, les élus du PCF, les journalistes ainsi que le Ministre de la Culture, André Malraux. La bombe qui visait ce dernier blessa grièvement une enfant de quatre ans, qui perdit un œil.

Cette vague d’attentats poussa la gauche à organiser un rassemblement pacifique, le 8 février 1962, place de la Bastille. Ce jour-là, des CRS, gendarmes mobiles et policiers étaient mobilisés.

A l’heure du rassemblement, vers 18 heures, les manifestants se heurtèrent aux forces de l’ordre. Un tract diffusé à Paris par le PCF et la CGT le 7 février dernier, raconte : « Alors que la dislocation est annoncée, des brigades spéciales d’intervention chargent sans motif avec une brutalité et une sauvagerie inouïes le cortège du Boulevard Voltaire à la hauteur du métro Charonne (…). Des centaines de manifestants sont sauvagement matraqués, jetés à terre, refoulés dans la bouche du métro (…). Les manifestants sont pourchassés jusque dans les couloirs d’immeubles, les cafés ».

Le 9 février 1962, la CGT lança un appel à la. Le 13, jour d’obsèques, des dizaines de milliers de personnes rendaient hommage aux victimes, en manifestant de la République à la Bastille.

« Les martyrs de Charonne ne sont pas morts en vain. L’Algérie a pu accéder à l’indépendance », conclut le tract.

Pendant des années, l’assassinat du métro Charonne le 8 février 1962 sera relégué aux oubliettes de l’histoire officielle. Il faudra attendre quatre décennies pour voir la réouverture des dossiers sur la guerre d’Algérie, et le début d’un pseudo autocritique de l’État.

Mais les travailleurs, eux, n’ont pas oublié les leurs.