Journée sans téléphone portable
Tchad
Le 15 mars dernier l’Association pour la défense des droits des consommateurs (ADDC) a appelé tous les usagers à observer une « journée sans téléphone portable » pour protester contre la nouvelle mesure du gouvernement qui, par un récent décret, a imposé le prélèvement automatique de 1,18 franc par appel.
Depuis 2 ans, diverses taxes sont prélevées de façon arbitraire sur les appels téléphoniques par des compagnies privées de téléphonie mobile : Tigo, Airtel, Salam, Tawali, etc. Airtel et Tigo sont les deux plus importantes.
Tigo par exemple, prélève une taxe appelée « taxe ARV » de 10 francs CFA sur les premiers appels. Quant à l’opérateur Airtel, il retient depuis le 2 mars 1,18 franc CFA sur chaque appel. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase des mécontentements. Partout dans le pays, surtout à Ndjamena, les gens râlent contre ces prélèvements abusifs et injustes. Au point que l’ADDC est sortie de son long sommeil pour appeler tous les consommateurs à observer cette journée sans téléphone mobile.
Depuis quelques années, le téléphone portable est devenu un outil indispensable de communication et de relation sociale, utilisé par un large public. Ce n’est plus un luxe réservé uniquement à quelques privilégiés : DG, PDG, hauts fonctionnaires ou cadres des entreprises privés, etc. Des petites gens l’utilisent pour appeler les familles aux villages ou dans les autres villes du pays, ou même à l’étranger ; elles l’utilisent pour s’enquérir de la santé des parents ou amis, pour annoncer diverses nouvelles : mariage, décès, naissances, réunions, etc. Malgré leur faible ressource, les gens font tout pour détenir un portable. Elles supportent très mal ces diverses taxes, injustes et arbitraires, qui vident leurs poches.
La téléphonie mobile rapporte gros aux opérateurs et des miettes substantielles au gouvernement. Selon le service-clientèle de Tigo et d’Airtel, il y aurait 2 millions d’abonnés pour chacune des deux principales compagnies. Elles prélèveraient à elles seules 40 millions de francs CFA de taxes par jour. Où va tout cet argent ? Les opérateurs répondent : « au gouvernement qui nous a imposé le prélèvement de ces taxes. Nous ne faisons qu’obtempérer ». Le gouvernement et, surtout les opérateurs, saignent donc à blanc les petits consommateurs.
On ne sait rien de la portée de la « journée sans téléphone mobile ». Mais cette manifestation a au moins le mérite de signifier à ces rapaces le sentiment de révolte des consommateurs à propos des prélèvements abusifs. Elle sonne comme un premier avertissement lancé à la face des autorités et des opérateurs de téléphonie mobile.