Le cinéma du procès de l’ancien dictateur tchadien continue
SÉNÉGAL
Début août, l’ancien dictateur tchadien Hissen Habré qui vit en exil depuis 1990 à Dakar au Sénégal, a été arrêté et placé en détention, en vue d’être jugé pour « crimes contre l’humanité » commis au Tchad, pendant son règne, entre 1982 et 1990.
Au Tchad cette arrestation a été saluée par son ancien homme de main, Idriss Deby, l’exécuteur des basses besognes. Comme le ridicule ne tue pas, il a eu la sinistre idée de fêter cette arrestation en proclamant la journée du 5 août « chômée et payée » dans tout le pays. Dans une intervention à la télévision nationale, il a hypocritement remercié Macky Sall de cette arrestation qui, selon lui, va « permettre la marche de soutien (…) à la justice et aux chambres africaines » afin de juger Habré. Deby semble verser dans l’art et la manière de brouiller les pistes pour cacher, et faire oublier sa propre responsabilité dans les crimes et tortures commis par son ancien patron Habré. Avant cette arrestation, il avait gracieusement offert quatre milliards de francs CFA des caisses de l’Etat pour aider à l’organisation du procès de Habré, à Dakar même, les autorités sénégalaises estimant qu’ils ne disposaient pas de moyens suffisants pour cela.
Ce n’est là, bien sûr, qu’un prétexte parce que, juger un ancien président-dictateur africain, cela risque de faire jurisprudence pour traîner en justice les autres présidents à la retraite, et ainsi porter atteinte à leur immunité. Le Sénégal tout comme l’Union africaine (anciennement Organisation de l’unité africaine) se sont investis pour faire traîner en longueur le procès de leur ancien compère.
L’arrestation de Habré qui se repose tranquillement à l’hôpital Le Dantec, en attendant la rénovation de la prison qui devait l’accueillir en dit long sur les intentions des responsables sénégalais ; de Diouf à Macky en passant par Wade, ils ont longtemps fermé les yeux sur les plaintes des victimes de leur hôte encombrant que le gouvernement français leur a demandé d’accueillir. Le feuilleton du procès Habré continue.