Le calvaire des habitants privés d’eau potable continue

13 février 2014

SÉNÉGAL

Depuis la rupture d’une conduite d’eau survenue le 12 septembre à la station de pompage de KeurMomarSarr, située à 200 kilomètres de la capitale, le calvaire des habitants continue. Dans un premier temps la SONES et la SDE (les deux sociétés qui ont en charge la gestion et l’infrastructure de l’eau) avaient promis que cela ne durerait que 24 heures. Par la suite elles avaient annoncé que «dans les plus brefs délais» l’eau allait être rétablie. Après plus de deux semaines de souffrance, les habitants ont enfin été informés que les deux sociétés gestionnaires n’étaient pas en mesure de réparer la pièce principale de la tuyauterie et qu’il fallait attendre qu’elle soit livrée par la France.

A quoi ont servi tous les prélèvements effectués sur les factures d’abonnement et de consommation d’eau ? En tout cas pas à prévoir ce genre de panne ni à améliorer les infrastructures vieilles de plusieurs dizaines d’années et encore moins à augmenter la capacité de production d’eau potable alors que la population de l’agglomération dakaroise ne cesse d’augmenter. Tout cet argent a été englouti dans les caisses de ces sociétés privatisées et cédées à de gros capitalistes comme Bouygues et consorts.

Il a fallu attendre près d’un mois pour que l’eau revienne de façon parcimonieuse. Malheureusement, cela n’a duré que quelques jours car une nouvelle fuite a conduit les responsables à fermer de nouveau l’approvisionnement en eau d’une grande partie de la capitale. Seuls les quartiers approvisionnés par une station de pompage communale secondaire sont alimentés. Les autres sont condamnés à attendre l’arrivée des camions citernes ambulants pour remplir leurs bidons et les transporter jusqu’à leur domicile.

Combien de temps va prendre la réparation de cette nouvelle panne ? Les habitants n’en savent rien. La seule chose qu’on leur dit c’est : «bientôt». En attendant ce «bientôt», l’eau n’a été rétablie que très partiellement et avec une pression si faible que seuls ceux qui habitent les rez-de-chaussée sont approvisionnés. Ceux qui ont la malchance de loger dans les étages n’en disposent pas car il n’y a pas assez de pression pour faire monter l’eau.

A cause de cette coupure d’eau, de nombreux établissements scolaires ont dû renvoyer les écoliers à la maison. Jusqu’à quelle date ?

Les habitants des quartiers populaires sont les plus touchés par l’incapacité des autorités publiques à assurer la bonne marche de ce service

vital qu’est l’approvisionnement en eau potable. Dans les quartiers riches, la situation est différente car même si certains sont coupés (pas tous), ils ont les moyens financiers de se faire approvisionner à domicile ou possèdent des véhicules privés pour transporter les bidons remplis. Mais les habitants qui n’ont pas ces moyens-là, n’ont que leurs muscles et leur dos pour transporter l’eau jusqu’à leur domicile.

Ils sont fatigués et indignés par l’incapacité, l’insouciance et le mépris des autorités publiques à leur égard, sans compter qu’à cette coupure d’eau s’ajoute celle très fréquente de l’électricité et cela dure depuis des années !

Quelques mouvements de colère ont eu lieu dans certains quartiers, devant les agences de l’eau. Quelques-unes ont été saccagées par les manifestants et il y a eu quelques échauffourées avec les forces de l’ordre. Le calme est revenu mais il n’est pas dit que d’autres manifestations de colère n’éclatent de nouveau, surtout si cette situation insupportable se prolonge.