Leur société – À vos brosses et à vos cirages !
On dit que le ministre du commerce et son gouvernement ambitionnent de « développer la culture entrepreneuriale au sein de la population ». En un mot, ils veulent que tout le monde devienne entrepreneur. Voilà pourquoi, il y a tout un battage médiatique autour de ce thème.
Il n’y a pourtant pas eu besoin de faire de la publicité ou des campagnes d’information pour voir de plus en plus de « travailleurs indépendants » à l’œuvre entre les véhicules dans les embouteillages ou aux feux de signalisation, y compris des enfants « auto-entrepreneurs » qui vendent des lotus, proposent leur service de lavage de vitres des véhicules, ou de porteur de bagage dans les marchés ou de cireurs de chaussures !
Avec la misère ambiante, même les enfants dès l’âge de 10 ans sont déjà de grands entrepreneurs ! Ils n’ont pas attendu l’encouragement de ce ministre pour s’y lancer. À vrai dire, ils n’ont pas le choix. Les parents gagnent une telle misère en travaillant pour enrichir les capitalistes, que leurs enfants, filles et garçons, sont obligés de passer par ces petits métiers pour apporter quelques pièces à la maison.
Par exemple, dans les zones industrielles de Koumassi ou de Yopougon, dans les usines de fabrication de chaussures ou de décorticage de noix de cajous, les mamans, voire des jeunes encore scolaires, touchent moins de 4000 Fr après 12h de dur labeur quotidien. Comment joindre les deux bouts avec un tel salaire qui, de surcroit, n’est même pas régulier ?
Alors, ce ministre et son gouvernement sont peut-être forts pour faire du baratin dans les médias. Mais les travailleurs ne peuvent certainement pas compter. Même pas, ne serait-ce que pour faire appliquer par les capitalistes les lois sur le travail, écrites par eux-mêmes. Par contre, les travailleurs peuvent être assurés que le gouvernement n’hésitera pas à envoyer les forces de l’ordre pour les chicoter le jour où ils exigeront un peu plus de justice à leur égard !