La place de la sorcellerie au XXIème siècle devrait être au musée de l’Histoire !
LEUR SOCIÉTÉ
À Abidjan, en cette période d’examen de fin d’année, il est courant de mettre un cas d’échec ou de réussite sur le compte de la sorcellerie, particulièrement dans les familles qui ont encore des liens étroits avec le village. Plus généralement c’est le déroulement de toute la vie (les maladies, les accidents, les décès ou tout autre évènement bon ou mauvais) qui est imputé à la sorcellerie. Alors, pour se protéger du mauvais sort, beaucoup vont chercher une protection auprès d’un prêtre, d’un pasteur ou d’un marabout. Ainsi, la sorcellerie est un commerce florissant au moins pour ces pasteurs et autres marabouts dont c’est le fonds de commerce. C’est loin d’être le cas de la seule Côte d’Ivoire. Au Nigéria, par exemple, il est courant de voir des pasteurs évangélistes devenir des multimilliardaires et il est bien connu que de riches familles ivoiriennes se rendent même là-bas pour recourir à leur service, pour les délivrer de quelques « envoutements ».
Au Kenya tout dernièrement, un pasteur promettait à ceux qu’il enrôlait dans son église la possibilité de rencontrer Jésus-Christ en personne. Il les faisait jeûner durant plusieurs jours dans la forêt jusqu’à ce que mort s’en suive. Il les faisait ensuite disparaître en les enterrant sur place. Plusieurs centaines de pauvres gens y ont ainsi laissé leur vie.
Ici en Côte d’Ivoire, les rubriques des faits divers dans la presse et les réseaux sociaux sont remplis d’histoires de sorcellerie qui se terminent parfois cruellement. Il arrive très souvent que des personnes accusées d’avoir jeté un mauvais sort soient des proches, voire des membres de la famille de la dite victime. Elles subissent alors les conséquences souvent dramatiques, jusqu’à être tuées. Dans tous les cas, elles sont jetées en pâture à la vindicte populaire. On parle souvent de la pratique de la « danse du cercueil » qui permet de désigner le ou la prétendue « sorcière », responsable d’un décès. La personne indiquée comme « coupable » sera dans le meilleur des cas, bannie de la société, condamnée à mener une vie de paria même si elle n’est coupable de rien ! Parfois elle n’échappera pas à la torture infligée par une foule en délire. Ce sont là les victimes d’un vrai drame social d’un autre temps.
En Europe, cela se passait ainsi quelques siècles plus tôt, au Moyen-âge. Aujourd’hui, il ne viendrait pas à l’esprit d’un élève de troisième de parler de sorcellerie dans sa classe au risque d’être la risée de tous et à juste raison. En effet, l’humanité a fait depuis lors des progrès dans tous les domaines de la connaissance. Sauf qu’en Côte d’Ivoire, on en est encore au stade de considérer comme « bizarre », venu d’une autre planète, celle ou celui qui récusera l’existence de la sorcellerie ou du maraboutage. La raison de ce retard vient du fait que le capitalisme parvenu à son stade de pourrissement, a besoin de s’appuyer sur toutes sortes de préjugés et de croyances pour maintenir les populations dans l’ignorance afin de perpétuer sa domination.
C’est particulièrement le cas dans les pays pauvres comme la Côte d’Ivoire où même les prétendus intellectuels sont versés dans ce genre de croyance et subissent eux-mêmes la pression sociale de leur milieu, laissant libre cours à la bourgeoisie de dominer la société par tous les bouts. Du coup, les enfants des familles pauvres à Abidjan sont évidemment contaminés par ce genre de croyance d’un autre temps.
Personne ne parle de la « puissance de la sorcellerie » en voyant un avion de plusieurs centaines de tonnes voler au dessus de notre tête, du véhicule qu’on prend chaque jours pour aller au travail ou à l’école, ou du téléphone portable qui nous permet de communiquer en direct et en visio, avec un interlocuteur situé à l’autre bout de la terre, par WhatsApp ! Il est évident que les hommes au Moyen-âge auraient trouvé ce genre de phénomène absolument extraordinaire, de la pure sorcellerie ! C’est pourtant uniquement là le résultat de la compréhension par l’homme des lois fondamentales qui régissent la nature.
Le capitalisme a fait faire un bond de géant à l’humanité en développant les sciences et les progrès techniques, les avions, les voitures, la médecine moderne, etc. Mais en même temps, la bourgeoisie, cette classe parasite qui accumule les profits en exploitant les travailleurs, trouve son intérêt à laisser les populations pauvres dans l’ignorance. Cela lui permet de faire croire aux travailleurs, aux pauvres, que les riches sont à leur place, et inversement, les pauvres sont dans la leur par la force d’un destin, d’une volonté divine ou autre force qui décide quelque part des choses d’ici-bas. Les dirigeants au pouvoir y trouvent aussi leur compte car ils font partie de la même classe capitaliste.
Nous, communistes révolutionnaires, œuvrons pour changer le monde et sommes des matérialistes. Nous n’avons pas besoin de dieu pour expliquer ce qui se passe autour de nous et nous disons que les travailleurs ne peuvent compter sur aucune prière, aucun fétiche pour améliorer leurs conditions, mais uniquement sur leurs luttes collectives. Nous avons choisi le camp des travailleurs, cette classe sociale réduite à vivre dans la misère et le dénuement, à subir toutes les injustices sociales alors que c’est grâce à son travail que sont produites toutes les richesses sur cette terre. C’est cette classe ouvrière qui, par son rôle dans l’économie, son nombre et sa force collective, peut changer radicalement le fonctionnement de la société en abolissant toute forme d’exploitation de l’homme par l’homme.
Ceux qui choisissent de mener consciemment ce combat avec la classe ouvrière, ont besoin de comprendre clairement les lois qui régissent la société pour mieux combattre le capitalisme. Les jeunes qui aspirent à prendre pleinement part dans ce combat doivent faire un effort pour s’émanciper de toutes ces croyances anciennes qui sont comme des œillères posées sur leur tête. D’autres générations de révolutionnaires l’ont fait avant eux ! Karl Marx et Engels ont jeté les bases du socialisme scientifique. C’est une boussole pour nous qui luttons contre la bourgeoisie et œuvrons pour le socialisme et le communisme.