Ceux qui profitent de la fièvre de l’or et ceux qui en crèvent
LEUR SOCIÉTÉ
L’orpaillage artisanal connait un regain d’activité en Côte d’Ivoire ces dernières années. Ce sont des centaines de sites semi-officiels qui sont créés à travers tout le pays. Malgré les descentes récurrentes des forces de l’ordre, de nouveaux sites continuent de s’ouvrir et de plus en plus de personnes s’adonnent à cette activité.
Dans le nord de la Côte d’Ivoire, l’orpaillage n’est pas nouveau. Il fut l’une des sources de financement de la rébellion pendant la crise politico-militaire qui déchira le pays, de 2002 à 2011. Certains des anciens chefs rebelles ont par la suite poursuivi cette activité. Mais ces dernières années, porté par la flambée des cours de l’or, le phénomène a pris une toute autre ampleur : en juillet 2020, le cours mondial de l’once a dépassé les 2 000 dollars (il en valait dix fois moins il y a vingt ans) ! Sur les sites d’orpaillage, le gramme d’or est payé à 20.000 F environ. De quoi raviver la fièvre de l’or à travers tout le pays.
En 2020 les sites d’orpaillage artisanal en Côte d’Ivoire, auraient produit 22 tonnes d’or. Cet or s’en va au final grossir notamment les coffres forts des grandes capitales en Europe et aux États-Unis et enrichi au passage quelques bourgeois locaux : des chefs de village aux plus hauts dignitaires de l’État en passant par les sous-préfets, les gendarmes, les douaniers et biens d’autres magouilleurs de tout poil.
Quant aux petites mains qui creusent ici et les populations pauvres, elles n’ont que des miettes et surtout souffrent de tous les inconvénients qui vont avec la production de cet or. Quand la mine est épuisée et que les orpailleurs quittent le site, ils laissent derrière eux un site cabossé plein de crevasses et de trous, contaminé par les produits chimiques utilisés pour l’extraction de l’or.