Une répression sanglante contre ceux qui contestent la confiscation dynastique du pouvoir
Tchad
Ndjamena, la capitale tchadienne ainsi, que de nombreuses villes à l’intérieur du pays ont été le théâtre de manifestations contre le régime du général Mahamat Déby, celui qui a pris la succession de son père à la tête du pays. Des barricades ont été érigées dans les rues, des symboles de l’État ainsi que le siège du parti du Premier ministre Saleh Kebzabo ont été attaqués par des manifestants durant la journée du 20 octobre. Aussitôt, le dictateur a ordonné aux forces de l’ordre de réprimer sans pitié les manifestants.
Ce fut un carnage ; il y a eu officiellement une cinquantaine de morts par arme à feu et environ 300 blessés parmi les manifestants. Un couvre-feu a été immédiatement décrété. Il est très difficile de savoir ce qui se passe à l’intérieur du pays et de connaitre le nombre réel des victimes.
Ce qui a mis le feu aux poudres c’est la décision de Mahamat Déby de prolonger de deux années supplémentaires sa présidence au gouvernement dit de transition, alors qu’il avait promis qu’il allait procéder à des élections après une « transition » de 18 mois à compter de sa date de prise de pouvoir en avril 2021.
Rappelons qu’Idriss Déby père est arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1990. Il a renversé l’ancien dictateur Hissène Habré grâce au soutien de l’armée française. Il a dirigé le pays par la terreur durant 32 ans avec le soutien de l’impérialisme français. Dès l’annonce de sa mort, son fils, entouré de quelques généraux, s’est emparé du pouvoir en écartant celui qui devait par la Constitution présider provisoirement le pays le temps d’organiser une élection présidentielle.
Le président français, Emmanuel Macron, présent à Ndjamena lors de l’enterrement du feu dictateur, était venu en même temps pour cautionner ce passage du pouvoir de père en fils car cela correspond aux intérêts de l’impérialisme français dans cette région du Sahel.
Devant l’indignation largement partagée par les médias et les chancelleries occidentales, le gouvernement français a été contraint de condamner du bout des lèvres la violente répression perpétrée par son poulain de Ndjamena tout en précisant que « la France ne joue aucun rôle dans ces évènements … ». Cela ne fait que renforcer le sentiment anti-français qui se propage un peu partout dans les anciennes colonies françaises en Afrique.
Macron avait condamné il y a quelque temps la « Françafrique » mais il est de fait le continuateur de cette pratique qui remonte à De Gaulle et qui permet jusqu’à nos jours à l’ancienne puissance coloniale de protéger les intérêts de sa bourgeoisie en Afrique.