Zone industrielle de Koumassi : SAMCO, salaire de misère et conditions de travail dangereuses
Le quotidien des travailleurs
SAMCO, est une entreprise de fabrication de meubles de luxe pour maisons et bureaux. L’État ivoirien fait partie de ses clients et participe à l’engraissement du propriétaire qui possède également une entreprise de construction de bâtiments.
Un ouvrier raconte le quotidien de ses camarades dans cette entreprise :
« À l’usine nous n’avons pas de cache-nez et pourtant nous travaillons les planches et les contreplaqués pour les transformer en portes, cadres de porte, fenêtres, tables, meubles de bureau et de décoration, placards, etc. Les bois sont traités avec des produits toxiques que nous aspirons au quotidien sans oublier la poussière qui nous pénètre les yeux, les pores, le nez, la bouche et les oreilles parce que nous n’avons aucun matériel de protection. À cela il faut ajouter le bruit des machines qui endommage nos tympans. Nous n’avons pas de chaussures de sécurité, ni de gants. Nos paumes de mains sont devenues si dures que nous ne pouvons pas caresser nos femmes et enfants sans risquer d’écorcher leur peau. À cause de la poussière de bois, nous sommes tout le temps enrhumés et bon nombre d’entre nous souffrent de sinusite. À l’usine nous avons seulement une heure de pause pour aller manger alors qu’il n’y a pas de cantine sur place.
Nous travaillons avec du matériel très tranchant et l’entreprise ne possède pas d’infirmerie interne. Les accidents sont fréquents. En cas de maladie, notre patron nous recommande de consulter son ami médecin à Marcory pour avoir juste une ordonnance à payer à nos frais parce que nous ne sommes pas couverts par une assurance. Avec ce docteur-là, nous avons rarement droit aux arrêts maladie. Quand c’est le cas, les jours de repos ne sont pas payés.
Nos salaires d’ouvrier varient de 90.000f à 150.000f CFA en fonction des périodes et des commandes incluant des heures supplémentaires et des primes de productions. À chaque fin de mois notre cœur bat très fort, nous sommes angoissés dans l’attente de notre salaire car notre patron ne donne jamais de date précise pour nous payer. De plus nous ne savons pas exactement ce que nous allons gagner. Et dans cette attente nous prenons des crédits pour payer le transport, pour se nourrir et pour continuer à être exploités par ce capitaliste qui nous suce le sang quotidiennement. En nous payant en retard, il nous met dans une position de mauvais payeurs vis à vis des propriétaires de nos logements et le boutiquier du quartier chez qui nous prenons tout à crédit.
Malgré la cherté des denrées alimentaires et le coût grandissant des loyers suite aux nombreuses démolitions des maisons à Koumassi par les autorités gouvernementales, les salaires sont restés les mêmes. Pourtant le coût des meubles que nous produisons connait une hausse exponentielle … ».
Tous les patrons dans cette zone industrielle ont le même comportement vis-à vis de tous les ouvriers. Nous avons appris tout récemment que chez Indus-chimie, une société de fabrication de produits chimiques, un ouvrier s’est écroulé en plein travail et est mort sur le coup. C’est dans ces conditions intenables de travail, de manque de repos, de salaires de misère que les patrons nous maintiennent avec la complicité de l’État. Mais nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes, sur nos luttes collectives pour améliorer nos conditions d’existence.