Le calvaire des ouvriers de la construction du pont à péage de Grand Bassam
Le quotidien des travailleurs
De grands travaux ont été lancés par l’État depuis quelques années. Parmi ces chantiers, il y a la construction d’un pont à péage dans la zone de Grand Bassam. Après plus d’un an de souffrance des ouvriers, le chantier est en phase de finition. Il va servir à contrôler les entrées et sorties des véhicules du côté Est du pays et à faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’État. En même temps, ce péage est destiné à filtrer l’entrée de cette ville balnéaire qui veut accueillir des touristes et empêcher des gens pauvres d’y circuler librement.
C’est la société NS Sud-Construction qui a eu le contrat de construction. À son tour, elle loue les services des tâcherons pour sa réalisation. Dans cette façon de faire des bourgeois petits et grands, les ouvriers sont partagés entre différents patrons. Ils se font exploiter sur le même chantier ; se côtoient au quotidien dans les mêmes tâches, mais ils sont divisés à cause de la diversité de leurs employeurs. Les salaires varient d’un patron à un autre. Par exemple, chez les manœuvres c’est de 3000f à 3500f CFA et chez les ouvriers il va de 6000f à 6500f CFA. Avec ces paies journalières, il est difficile pour les travailleurs de rentrer chez eux après le boulot parce que le chantier est situé loin de la ville. Certains font de l’auto-stop mais pour la grande majorité, c’est la belle étoile qui les reçoit chaque nuit. On dort sur un carton, entre le matériel de travail et les engins. On ne rentre à la maison que le samedi soir après le boulot et on n’a que le dimanche pour se reposer.
Ajouté à cela, il y a le fait que le salaire de misère tarde toujours à tomber. Il faut parfois attendre le 20 du mois suivant pour le toucher. Malgré cela il faut se nourrir, payer le loyer, l’eau et l’électricité, etc. Ce qui fait qu’on vit à crédit.
Cette exploitation des travailleurs en situation de précarité est une complicité de l’État ivoirien et de la bourgeoisie. Le pays fait peau neuve en construisant des routes, des ponts et autres bâtiments, mais les travailleurs croulent sous le poids d’une pauvreté révoltante