Cotiplast : les travailleurs relèvent la tête
Le quotidien des travailleurs
Les travailleurs de Cotiplast, une entreprise de plastique située dans la zone industrielle de Yopougon, sont en grève depuis le mercredi 27 octobre. Bandeau rouge autour de la tête, ils ont manifesté bruyamment pour se faire entendre de leur direction. Ils exigent la réintégration des 7 de leurs collègues licenciés, le paiement des reliquats de primes de transport estimés à 135 milles par personne, l’annulation des demandes d’explication visant leurs représentants. Ils réclament aussi une amélioration des conditions de travail et surtout de salaire.
Cette entreprise est connue pour ses conditions de travail difficiles, comme c’est le cas dans la grande majorité des usines situées dans cette zone industrielle. En plus de la chaleur et du bruit, les travailleurs ne sont pas protégés, ils ne disposent pas d’équipement de sécurité. Les cadences sont très élevées. Il n’y a pas d’infirmerie digne de ce nom. En cas d’accident de travail, ce qui arrive très souvent étant donné les mauvaises conditions de travail, la victime est la plupart du temps livrée à elle-même. Le patron règne en maitre incontesté. Les travailleurs n’ont pas droit à la parole. Au moindre faux pas, la sanction est immédiate et le plus souvent, c’est le renvoi.
Depuis quatre ans, les travailleurs tentent d’entrer en discussion avec le patron pour poser leurs problèmes, mais toutes leurs tentatives se sont heurtées à un mur. Le patron, avec tout le mépris qu’il a pour les travailleurs a toujours refusé de les recevoir. Les travailleurs ont adressé des courriers à plusieurs autorités, au président de la République, au préfet d’Abidjan, au ministre de l’Emploi, au procureur de la République, au maire de la commune de Yopougon, au procureur du Tribunal de Yopougon, au Premier ministre, etc. Comme il fallait s’y attendre, toutes ces démarches sont restées lettre morte. Cela a démontré une fois de plus que les autorités et les exploiteurs sont dans le même camp !
Lorsque les travailleurs ont entamé la grève, la direction a aussitôt fait venir les corps habillés. Ces derniers ne se sont pas fait prier pour réprimer les travailleurs. Mais ceux-ci n’entendaient pas se laisser intimider aussi facilement. La tension était palpable. Deux travailleurs ont été blessés par la brutalité des corps habillés et cinq autres ont été jetés en prison pour avoir réclamé leurs droits.
Cette répression n’a pas eu raison de la détermination des travailleurs qui ont continué leur mouvement. Ce que le patron craint le plus c’est que ce mouvement s’éternise et mette à mal ses profits. L’intérêt des travailleurs c’est que leur mouvement s’élargisse vers les travailleurs des entreprises voisines où les salaires et les conditions de travail sont tout aussi exécrables. Cela pourrait changer le rapport de force en leur faveur.
Ce qui est sûr c’est que les patrons ne lâcheront rien tant que les travailleurs n’engageront pas une lutte capable de leur montrer qu’ils auront plus à perdre en refusant de satisfaire les revendications de leurs ouvriers qu’en cédant.