Lutte contre la corruption : trop de blablas !
LEUR SOCIÉTÉ
Le gouvernement a créé un nouveau poste de ministre, celui de la « Promotion de la Bonne Gouvernance, du Renforcement des Capacités et de la Lutte contre la Corruption ». C’est un certain Épiphane Zoro Bi Ballo qui a été installé par Ouattara à ce poste créé sur mesure en guise de remerciement pour l’avoir en son temps défendu quand il avait été écarté par ses concurrents dans sa course à la présidence. La lutte contre la corruption c’est juste dans l’intitulé du poste. Ça servira tout au plus à faire de la mousse autour de la question pour noyer le poisson. La corruption fait partie du système. Elle gangrène jusqu’à la plus haute sphère de l’État. Le gouvernement n’est pas fou au point de se tirer une balle dans le pied !
Il suffit de voir les grosses cylindrées dans lesquelles roulent les fils à papa, de lire parfois dans la presse leurs « prouesses » scandaleuses en matière de folie dépensière dans les hôtels de luxe, l’argent qu’ils flambent ici et là lors de leurs escapades, pour comprendre l’ampleur du phénomène. Leurs parents haut placés s’enrichissent à vue d’œil en puisant allègrement dans les caisses de l’État en pratiquant la corruption et en s’adonnant à toutes sortes de business licites et illicites. Ce n’est pas pour un simple bol de lentilles que les clans politiques ici comme ailleurs en Afrique se battent pour parvenir au pouvoir ou pour s’y maintenir jusqu’à marcher sur les cadavres des populations pauvres.
Si un simple douanier ou un employé au trésor peut parfois se permettre de rouler en BMW ou en 4×4 de luxe, on peut imaginer ce qui se brasse plus haut. Comment les Bouygues et autres Bolloré obtiennent-ils leurs contrats juteux en Afrique si ce n’est en versant des bakchichs conséquents au plus haut sommet du pouvoir ? Ce problème de corruption ne touche pas que les pays africains. L’ex-président français Sarkozy n’est-il pas lui-même poursuivi dans au moins une affaire de corruption ? Et les montants sont alors d’un tout autre niveau que l’argent brassé par certains de nos petits ministres en Afrique.
Alors, à défaut de pouvoir s’attaquer aux caïds au risque de se casser les dents, ce nouveau ministre trouvera bien quelques petits boucs-émissaires, histoire d’amuser la galerie.
Ainsi, ce ministre vient de découvrir que les camions chargés, par exemple, de bananes plantain et qui vont vers Abidjan, subissent un racket bien organisé. Le tarif que doit payer le propriétaire de la marchandise est de 20.000 Fr à régler en une seule fois pour tout le trajet. C’est ainsi que font d’ailleurs les wôro-wôro et les Gbaka d’Abidjan. Cet argent est ensuite partagé entre différents bénéficiaires, comme une vraie mafia sait le faire. Voilà comment en Côte d’Ivoire les barrages routiers qui existaient à l’entrée et sortie de chaque localité ont pour ainsi dire disparu. Mais le racket, lui, est bien là.
Ce monsieur anti-corruption placé sur un fauteuil ministériel peut tout juste faire du bruit et se satisfaire de ramasser son salaire de ministre… payé grassement sur le dos des contribuables.