Cadence infernale et détérioration de la vie des travailleurs
Le quotidien des travailleurs
Nombreux sont les ouvriers du secteur du bâtiment qui sont contraints de travailler 16 à 18 heures d’affilée et cela, 6 jours par semaine. Cela détériore leur état de santé et ne les sort pas de la misère.
Depuis près de dix ans, des grands travaux sont entrepris par l’État ; des hôtels de luxe, des boulangeries, des hyper marchés et des habitations de luxe fleurissent. Mais tous ces édifices qui embellissent la ville d’Abidjan sont le produit du travail de milliers d’ouvriers qui triment chaque jour pour les réaliser au prix de leur vie.
On les contemple certes ces édifices avec satisfaction, mais la souffrance qui est derrière, elle, n’est pas visible ! Ce sont des accidentés, des traumatismes à vie, des morts sur les chantiers, sans compter des licenciements à gogo à la fin des chantiers.
Le rythme du travail devient de plus en plus infernal. Sur certains chantiers, c’est jusqu’à 18 heures de travail par jour avec une heure de pause maximum. Et là encore, ce temps de repos est souvent pris par le trajet à pied pour aller s’alimenter. Sur le chantier de la société ACC à Marcory, un ouvrier a été retrouvé mort au petit matin. Il parait qu’il a fait une chute de plusieurs étages dans la nuit sans que personne ne s’en aperçoive, sans doute épuisé par une très longue journée de travail. Certains ouvriers montent à 7h30 pour ne finir la journée qu’à 22h ou 23h. À ce rythme, certains ne rentrent à la maison que les week-ends. Dans ces conditions d’épuisement, la vigilance baisse et une chute est vite arrivée, d’autant plus que ces chantiers ne répondent pas aux normes de sécurité.
Sur le chantier de SETAO au CHU de Yopougon, un ouvrier a eu un malaise mais il a eu la vie sauve car pris en charge rapidement. Ce grutier dont la grue a d’énormes problèmes de mécanique est le seul à pouvoir la manier. Il doit manger et uriner dans la cabine. Après son malaise, il n’a eu droit qu’à 2 jours de repos alors que le médecin lui en avait prescrit 15. Malgré sa convalescence, SETAO l’a persuadé à reprendre le travail. Qu’en sera-t-il la prochaine fois ?
Les travailleurs accumulent les heures pour espérer augmenter leur salaire mais ils sont très vite désenchantés par le coût élevé des denrées alimentaires et des loyers. Ils dorment sur les chantiers à la belle étoile par manque de transport ou parce qu’ils ont fini tard la nuit. En cas de maladie ou d’accident, ils sont mis à la porte et sont livrés à eux-mêmes. Certains font l’aumône, d’autres sont aidés par des cotisations de leurs collègues ou parents. Dans ce secteur du bâtiment et des travaux publics, les travailleurs ne sont carrément pas déclarés à la CNPS. Cette situation n’est pas propre au secteur du bâtiment, c’est une réalité partagée dans tous les secteurs d’activités. Elle ne changera pas sans une réaction collective et rigoureuse des travailleurs contre les capitalistes.