Yu Yuan : les travailleurs se défendent avec l’arme de la grève
Le quotidien des travailleurs
Yu Yuan est une petite scierie chinoise située dans la zone industrielle de Yopougon. Les travailleurs de cette scierie sont en lutte contre la direction depuis plus d’un mois pour réclamer de meilleures conditions de travail.
Malgré les attaques répétées de la part du patron, les travailleurs continuent de se mobiliser en bloquant l’entreprise et cela depuis une semaine. Cette nouvelle grève fait suite à un licenciement de plus de 50 travailleurs sur la soixantaine que compte cette entreprise.
Voici le récit des grévistes :
« Le mercredi 23 juin, nous avons appris très tôt le matin avec stupéfaction, le décès de l’un de nos collègues qui était pourtant bien portant et au travail avec nous la veille. Cette disparition tragique a créé un émoi chez l’ensemble des travailleurs qui ont eu du mal à reprendre le travail. C’est suite à cela que l’un des petits chefs chinois nous a ordonné de regagner notre domicile.
Le lendemain, jeudi 24 juin, au cours de la confrontation à l’inspection du travail, la direction a été condamnée à respecter les douze points de revendications des travailleurs. En plus de plusieurs primes à nous verser sous forme de rappel, elle doit verser aussi l’argent qu’elle nous a volé durant plusieurs mois.
Alors, pour ne pas exécuter cet accord qui la condamne, et surtout pour mettre fin à la lutte qui dure depuis plus d’un mois, la direction a, de retour de l’inspection, distribué des demandes d’explication à plus d’une quarantaine de travailleurs, sous prétexte que nous avons refusé de travailler le mercredi. Deux jours après, soit le samedi 26 juin, même ceux qui n’ont pas reçu de demande d’explication, ont reçu des lettres de licenciement pour ‘‘faute lourde’’.
Le lundi 28 juin, nous nous sommes tous rendus à l’usine pour exiger des explications au patron car ses lettres de licenciement ont été distribuées un jour non-ouvrable. Pour toute réponse, un petit patron nous a informé que l’usine est fermée pour trois jours. À notre tour, nous nous sommes réunis en assemblée pour élire un comité de grève et mettre sur pied un piquet de grève de 10 personnes chargées de surveiller l’entrée de l’usine pendant ces trois jours. À l’inspection de travail, nous avons refusé de lever notre mot d’ordre de grève comme le voulait un inspecteur apparemment proche du patron.
Pour finir, l’inspection a convoqué les deux parties pour le mardi 06 juillet 2021. En attendant cette date, nous continuons notre mobilisation qui consiste à faire toujours une assemblée le matin et laisser 10 personnes en faction toute la journée, devant l’entrée de l’usine.
Nous sommes conscients que seule notre mobilisation peut payer et pour le moment, le moral de la troupe est au beau fixe malgré les tentatives de la direction de nous diviser en appelant quelques-uns à reprendre travail. »