Un nouveau gouvernement de transition sous la botte des galonnés

14 juillet 2021

Mali

Le colonel Assimi Goïta, principal responsable du coup d’État d’août 2020, a renforcé sa position au sein du gouvernement de transition en écartant le président Bah Ndaw et le Premier ministre Moctar Ouane quelques mois après leur nomination. Le 7 juin dernier, il s’est fait proclamer officiellement président de la Transition puis il a nommé son nouveau Premier ministre et ses ministres en prenant soin de mettre des galonnés proches de lui dans quelques postes-clés tel que celui de la Défense.

L’actuel Premier ministre, Choguel Maïga, est issu du Mouvement du 5 juin dans la mouvance des milieux religieux proches de l’imam Mahmoud Dicko, célèbre pour ses positions très réactionnaires en matière d’éducation et surtout à l’égard des femmes.

Choguel Maïga est considéré comme un « vétéran de la politique », il a mangé à tous les râteliers depuis la dictature de Moussa Traoré (renversé en 1991) jusqu’à la présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta dit IBK, en passant par tous les régimes qui se sont succédé. Il n’est devenu « opposant » à IBK que quand son portefeuille ministériel n’a pas été renouvelé à la suite d’un remaniement ministériel en juillet 2016. Il s’est alors rapproché des milieux islamistes dans la mouvance de l’imam Dicko et a surfé sur le mouvement de contestation contre le régime d’IBK car il a senti que c’était plus profitable pour la suite de sa carrière politique. Sa place de Premier ministre aujourd’hui dépend de sa capacité de combiner le soutien des milieux religieux et des putschistes. Les travailleurs n’ont rien de bon à attendre de lui ni des militaires putschistes, pas plus qu’ils n’ont eu à espérer des régimes précédents. Les seules améliorations qu’ils peuvent obtenir ne viendront que de leurs propres luttes contre la dictature, les injustices sociales et l’exploitation capitaliste.