Les intérêts des capitalistes et ceux des travailleurs sont irréconciliables
Les hommes politiques de la bourgeoisie, ceux du pouvoir comme ceux de l’opposition, n’ont pas assez de mots pour honorer la mémoire d’Hamed Bakayoko décédé tout dernièrement alors qu’il était au poste de Premier Ministre.
Tous ces politiciens de la bourgeoisie ont montré une certaine unanimité devant la mort d’un des leurs, mais il n’en demeure pas moins que ce petit milieu est un vrai panier de crabes en compétition et à l’appétit vorace, au point de faire couler régulièrement le sang dans ce pays pour accéder à la mangeoire. Le point commun qui les unit c’est celui de vouloir servir les intérêts de la classe des riches. L’État qu’ils veulent diriger au plus haut sommet si possible, n’est qu’un instrument qui permet à la bourgeoisie de dominer cette société basée sur l’injustice et l’exploitation.
Le rôle du gouvernement et des ministres c’est de faire croire aux exploités qu’ils représentent les intérêts de toute la population sans distinction de richesse mais lorsque des travailleurs d’une entreprise se mettent en lutte contre leur patron, celui-ci bénéficie du soutient de l’État, parfois par l’envoi de forces de l’ordre pour réprimer les grévistes.
C’est ainsi que tout récemment, le ministre de l’Emploi est venu à l’usine Uniwax au secours du patron en difficulté face aux ouvriers revendiquant des augmentations de salaires. Cela fait plusieurs mois que ces travailleurs négocient avec leur patron. Ils réclament une augmentation de 130 milles francs pour compenser la cherté du coût de la vie. Au final, c’est une augmentation de 2000 francs par mois que le patron leur a concédée. Les travailleurs, à juste raison, ont pris cela comme une insulte et la colère longtemps retenue a fini par exploser ; ils ont arrêté de travailler. Le patron a pris peur et ce ministre est venu à son secours pour obliger les ouvriers à reprendre le travail, en les menaçant. Le voilà le vrai rôle d’un ministre : servir la soupe aux riches ! Quand la carotte ne prend pas, le bâton n’est pas loin !
Alors, tous ces hommes politiques de la bourgeoisie peuvent aujourd’hui parler de « réconciliation nationale », à l’occasion du décès d’un des leurs. Les travailleurs ne sont pas concernés par ce genre de parole. Ce serait, pour le moins, ridicule de parler de réconciliation entre les ouvriers d’Uniwax et leur patron par exemple, ou bien entre le travailleur de Filtisac et son patron qui vient de le jeter dehors comme un chien après l’avoir exploité durant 10 ans, sous prétexte qu’il s’absentait trop alors qu’il abimait sa santé au travail. Il ne peut être question de réconciliation entre bourgeois et prolétaires, maîtres et esclaves !
La société capitaliste est basée sur l’exploitation. Les travailleurs créent les richesses mais ce sont les riches qui se les accaparent. Leurs intérêts fondamentaux sont irréconciliables. Ce système d’exploitation se perpétuera tant que les travailleurs n’y mettront pas fin. La seule voie pour y parvenir c’est que les travailleurs s’organisent en se servant de leur nombre et de leur rôle dans la production des richesses. Cette lutte peut commencer dans une entreprise isolée, contre un capitaliste précis, mais ne peut se gagner qu’à une échelle beaucoup plus vaste contre la classe des capitalistes. Elle nécessite une organisation politique révolutionnaire des travailleurs, une organisation qui se donne comme objectif de renverser le capitalisme et de bâtir une société sans exploitation et sans oppression.