Les travailleurs de l’autoroute Tiebissou-Bouaké en lutte
Le quotidien des travailleurs
Depuis quelques mois, les travailleurs de l’entreprise chinoise CNCTPC qui font le bitumage du tronçon Tiébissou-Bouaké, sont régulièrement en grève contre les mauvais traitements qu’ils subissent.
Pour la construction de l’autoroute Yamoussoukro-Bouaké, l’État ivoirien a confié les travaux à deux grandes entreprises du BTP, une marocaine et l’autre chinoise. C’est cette dernière qui a eu le gros lot, sur une longueur de plus de 60 kilomètres qu’elle a sectionné en trois lots : Le lot A basé à Tiébissou emploie plus de 350 travailleurs. Le lot B basé à l’entrée de la ville de Bouaké emploie aussi à peu près le même nombre de travailleurs et enfin le lot C situé au nord de la ville de Bouaké avec environs 250 travailleurs.
Les conditions de travail sur ces trois lots sont très pénibles comme c’est d’ailleurs le cas souvent sur les chantiers. Les travailleurs n’ont droit à aucun repos durant tout un mois de labeur. Les salaires sont très bas pour 9 heures, voire 10 heures de travail par jour. Pour un oui ou pour un non, les petits chefs n’hésitent pas s’en prendre physiquement aux travailleurs. Les ouvriers sont renvoyés à tour de bras.
C’est face à toutes ces brimades que les travailleurs ont commencé à se révolter. Les premiers à le faire étaient ceux du chantier du lot B en 2019. Après des jours de grève, la direction a concédé quelques avantages comme : l’élection de délégués du personnel ; le changement de statut de journalier en celui du contrat à durée déterminée ; le paiement des heures supplémentaires, la déclaration à la CNPS et la production de bulletins de salaires.
Au mois de juin 2020, ceux du lot C s’organisent pour réclamer tout ce que leurs collègues du lot B ont obtenu et même demandent le rappel de ce qui a leur été volé.
Quant aux travailleurs du lot A, entrés dans le mouvement après les autres, ils se sont illustrés en bloquant les travaux en début du mois de novembre 2020. Ils ont réclamé l’élection de délégués du personnel ainsi qu’une gratification annuelle et le respect de leur ancienneté, chose qui ne figure pas sur les bulletins, etc.
Au début, la direction a voulu jouer avec les nerfs des travailleurs. Mais quand ces derniers ont répliqué en laissant sécher le béton contenu dans trois toupies, la direction a reculé. Cependant de nombreuses revendications n’ont pas encore trouvé de solution, comme par exemple la question de l’ancienneté. Les travailleurs continuent de faire des arrêts de travail pour se faire entendre. L’idée de fédérer tous ces mouvements en un seul commence à germer dans la tête des travailleurs, même si c’est encore à l’étape de balbutiement.