Éditorial

Ici comme ailleurs, la classe ouvrière doit se préparer au combat pour se défendre contre les attaques patronales et gouvernementales

26 janvier 2021

ÉDITORIAL

L’année 2020 a été une année particulièrement difficile pour la classe ouvrière et plus généralement pour les classes populaires. À la crise économique mondiale du système capitaliste se sont ajoutées les conséquences désastreuses des mesures sanitaires contre la Covid 19. Et puis, il y a eu aussi dans ce pays en 2020, la crise politique autour de l’élection présidentielle. Elle s’est soldée par plusieurs dizaines de morts et a plongé les quartiers populaires dans un climat d’insécurité.

Malheureusement, l’année 2021 ne s’annonce pas meilleure car la crise économique qui se poursuit et qui s’aggrave, entrainera inéluctablement la dégradation de nos conditions d’existence déjà difficiles. La bourgeoisie mondiale, dans sa soif de faire des profits à tout prix, continuera à faire payer durement les conséquences de la faillite de son système économique agonissant à l’ensemble des travailleurs et des classes populaires de par le monde. Dans chaque pays, la bourgeoisie s’appuiera sur son appareil d’État pour faire supporter des sacrifices de plus en plus insupportables aux classes populaires et pour écraser toute révolte qui pourrait mettre son système en danger.

La Côte d’Ivoire n’échappera pas à cette crise et à ses conséquences désastreuses sur les classes populaires, même si Ouattara s’est vanté lors de son allocution de fin d’année, d’avoir « inversé la courbe de la pauvreté » et d’avoir « presque doublé le revenu par habitant » en Côte d’Ivoire. Pour les travailleurs qui triment du matin au soir dans les chaines de production, dans les chantiers, les hôpitaux, les bureaux, et autres lieux de travail, et qui ne parviennent pas à joindre les deux bouts malgré les privations de toutes sortes, ces paroles du président sonnent comme une insulte. Leurs revenus n’ont pas doublé mais au contraire baissé d’année en année à cause du blocage des salaires et de l’augmentation incessante du coût de la vie. La misère n’a pas reculé dans ce pays mais au contraire a augmenté.

Un des porte-paroles de Ouattara a même eu le culot de souligner que le signe que l’économie du pays est florissante est que les fêtes de fin d’année ont été joyeuses et bien arrosées. Il fait certainement allusion au nombre impressionnant des feux d’artifices privés qui ont éclairé la nuit du nouvel an dans la capitale économique et au nombre de bouteilles de champagne qui ont été consommées dans les soirées mondaines des quartiers chics d’Abidjan. Mais dans les quartiers populaires, ces fêtes ont été surtout marquées par des privations. Nombreuses sont les familles ouvrières qui n’ont même pas pu s’offrir un poulet pour améliorer le repas du nouvel an. Quant à offrir des jouets ou des gâteaux et autres sucreries aux enfants, cela a été hors de portée de leur bourse. C’est cela la réalité du monde des travailleurs !

Dans certaines entreprises, comme à Filtisac, le patron s’est comporté comme un sinistre père noël en proposant des poulets à crédits à ses employés. D’autres patrons ont fait travailler leurs ouvriers durant les jours fériés en promettant un salaire supplémentaire qu’ils ont tout simplement « oublié » de payer. C’est de cette manière que les capitalistes continuent de s’enrichir, crise ou pas crise, sur le dos des travailleurs. Ils agissent ainsi avec mépris et cynisme car ils ont le pouvoir politique de leurs côtés et une classe ouvrière inorganisée pour faire face à leurs attaques.

Les travailleurs n’ont par conséquent rien de bon à attendre de la nouvelle année qui vient de commencer. Ils auront à se défendre becs et ongles pour ne pas sombrer encore plus dans la misère. Leurs conditions de travail et de vie vont s’aggraver car les patrons et leur État vont leur faire subir encore plus de sacrifices au nom des prétendus intérêts supérieurs de la nation, de la solidarité nationale et autres prétextes qu’ils ne manqueront pas de trouver pour nous tromper.

Il faudra donc que les travailleurs se préparent eux aussi moralement et physiquement pour mener leur lutte de classe contre leurs exploiteurs car il n’y aura pas de cadeaux de la part de ces derniers. Faisons tout pour qu’au cours de cette période difficile qui s’annonce, la classe ouvrière relève la tête et s’organise pour contester l’ordre bourgeois et pour en finir avec son système anarchique qui mène le monde vers la catastrophe.