C’est la misère et l’irresponsabilité de l’État qui poussent les gens à recourir aux médicaments de la rue
LEUR SOCIÉTÉ
Le Comité National de Lutte contre la Contrefaçon (CNLC) s’est associé à une entreprise allemande pour lutter contre les médicaments contrefaits ou de qualité douteuse. Une application informatique nommée « AUTHENTIC » installable sur le téléphone portable permettra de vérifier l’authenticité et la date de péremption des médicaments.
Pour justifier cette lutte, le comité met en avant la progression des Accidents Vasculaires Cérébraux (AVC), de l’insuffisance rénale et autres maladies. Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), les médicaments antipaludiques contrefaits sont responsables de plus de 200 000 décès par an !
Mais la véritable raison qui pousse l’État ivoirien à agir contre la prolifération des faux médicaments est avant tout financière ; c’est le manque à gagner de 10 milliards dans les caisses de l’État.
Certes, on nous dit que près de 2 000 tonnes ont été saisies sur 5 ans et que les saisies se multiplient au marché Roxy. Ce n’est qu’une goutte d’eau par rapport à l’énormité du trafic que l’État a laissé proliféré durant de nombreuses années. Les conséquences sur la santé sont terribles et cela rend encore plus criminel le fait de ne pas prendre ce problème à bras-le-corps avec de vraies mesures au lieu de se cantonner à des opérations « coup de poing » soigneusement médiatisées.
Quels que soient les moyens de répression, les vendeurs de ces médicaments continueront de les vendre car c’est ainsi qu’ils nourrissent leurs familles. Ils se cacheront juste un peu plus.
Quant aux personnes qui utilisent les médicaments de la rue, elles savent bien qu’elles prennent des risques. Mais quel autre choix ont-elles ? Les médicaments génériques sont moins chers mais ils ne sont pas toujours à la portée des patients. Ce ne sont pas toutes les pharmacies qui les ont. Les hôpitaux ne sont pas assez approvisionnés. Aller à l’hôpital et payer une consultation avant d’avoir une ordonnance alors qu’on a à peine de quoi survivre, est hors de portée pour une grande partie de la population.
La Couverture Maladie universelle est censée baisser les coûts de santé mais encore faut-il que les hôpitaux soient approvisionnés et pourvus en personnel.
Lutter contre les médicaments contrefaits, c’est d’abord lutter contre la pauvreté, faire de telle sorte que tout le monde puisse se soigner dans des structures sures, quels que soient ses revenus !