Éditorial

Le gouvernement fait toujours plus de cadeaux aux capitalistes tout en prônant la patience aux travailleurs. Cela ne peut pas durer !

18 janvier 2020

ÉDITORIAL

L’année écoulée a été une année faste pour les capitalistes opérant en Côte d’Ivoire puisque leurs affaires ont été bonnes et leurs profits toujours plus élevés. Mais du côté des travailleurs, cela a été le contraire. La précarité, les bas salaires, les cadences toujours plus élevées dans les chaines de production et les conditions de travail toujours plus exécrables n’ont fait qu’aggraver leurs conditions d’existence. À cela, il faut ajouter l’augmentation des prix des denrées, la cherté des loyers et des prix du transport.

Du côté de la petite paysannerie et des travailleurs agricoles, l’année écoulée n’a pas été bonne non plus à cause des bas prix d’achat des produits destinés à l’exportation. Ils travaillent toujours plus et gagnent moins.

Tout en prétendant qu’il veut « redistribuer les richesses » du pays à l’ensemble de ses habitants et lutter contre la pauvreté, le gouvernement ne fait que donner toujours plus de cadeaux aux capitalistes. Il vient de dire qu’à partir de ce mois de janvier, il va accorder encore plus de facilités, moins de taxes, moins d’impôts et plus de subventions, soi-disant pour les aider à créer plus d’emplois. Ainsi, les entreprises qui investissent dans la transformation des produits agricoles seront désormais exonérées d’impôt foncier et de la patente pour une durée de cinq ans. De plus, elles bénéficieront de prêts exonérés de la taxe sur les opérations bancaires. Si un capitaliste reprend une entreprise en difficulté, il ne payera pas d’impôts sur les bénéfices. Le gouvernement a aussi décidé d’annuler l’ardoise des entreprises qui ne se sont pas acquittées de leurs taxes et impôts durant les trois dernières années pour peu qu’elles aient demandé un réexamen de leur situation financière.

Les capitalistes bénéficiaient déjà d’un « crédit d’impôt » d’une valeur de 250 000 à 1,5 millions de francs pour chaque contrat à durée indéterminé (Cdi). Dorénavant, cet avantage sera élargi aux Cdd (contrat à durée déterminée) et même au simple contrat dit d’apprentissage : de 125 000 à 750 000 francs pour les Cdd et de 100 000 à 750 000 francs pour les apprentis. D’autres avantages sont aussi donnés aux entreprises immobilières, aux groupes pharmaceutiques et à certains autres.

Sous le pouvoir de Ouattara comme sous celui de ses prédécesseurs, les capitalistes ont toujours été choyés dans ce pays parce que tous ceux qui ont dirigé ou qui dirigent ce pays sont avant tout des serviteurs de la classe des exploiteurs, eux-mêmes en font partie. Ils ont besoin de l’appareil d’Etat pour maintenir la grande majorité de la population dans la misère et pour permettre ainsi aux capitalistes de s’enrichir davantage.

Tous ces avantages fiscaux et autres sont en réalité de l’argent qui va manquer aux caisses de l’État et qui aurait pu servir à faire fonctionner un peu mieux des services utiles à la population, tels que les hôpitaux et l’enseignement publics, à l’entretien de la voirie, à la création des logements sociaux, à l’amélioration de la vie dans les quartiers insalubres, etc.

Les travailleurs sont considérés comme des esclaves, tout juste bons à produire pour enrichir les exploiteurs et les parasites de la société. Ceux qui détiennent les capitaux et ceux qui sont au pouvoir veulent que nous restions indéfiniment dans notre misère ; ils veulent nous inculquer la patience et l’obéissance, nous faire croire que c’est notre destin d’être pauvres et misérables. Il faut que nous mettions fin à ce mépris et à cette injustice sociale ! C’est nous qui produisons les richesses, qui construisons les logements et les routes, c’est nous qui faisons tout ce qui est utile à la société. Nous avons droit à une vie digne et décente et nous avons la force d’imposer cela à nos exploiteurs. Cette force, c’est notre nombre et notre rôle dans la production des richesses. Seulement, elle ne sera vraiment une force agissante et transformatrice que si nous en prenions conscience, c’est-à-dire que nous nous organisions pour renverser ce système économique profondément injuste et inhumain.