Éditorial

Ils luttent pour le contrôle de la mangeoire, pendant que les travailleurs et les pauvres luttent pour leur survie !

28 juillet 2019

ÉDITORIAL

Le Rhdp, le parti du clan Ouattara, s’est déjà mis en ordre de bataille en vue de la Présidentielle prévue au mois d’octobre 2020. Dans les clans adverses, au Pdci et au Fpi, les prétendants au poste étant nombreux, ils sont encore à l’étape des conciliabules : iront-ils ensemble ou en ordre dispersé ? L’avenir le dira. De même que certains d’entre eux finiront peut-être par rejoindre le clan de Ouattara, s’ils sentent le vent aller dans ce sens et surtout si le fromage qui leur est proposé est conforme à leurs prétentions. Pour eux tous, l’objectif, c’est finalement d’être positionné au plus près de la marmite. Leur prétendue divergence politique ou idéologique n’est que du verbiage, sinon de l’habillage. Ce n’est pas par hasard que le personnel politique de tous ces partis, et d’ailleurs de tous les autres, passe de l’un à l’autre, et ces partis politiques eux-mêmes nouent et dénouent des alliances en fonction des intérêts personnels de leurs dirigeants.

Ils savent aussi que l’élection en elle-même, comme dans toutes les républiques bananières, n’est que la feuille de vigne qui cache le bourrage des urnes et les magouilles de toutes sortes. Souvent, cela ne suffit pas. Ils ont alors recours aux milices et aux bandes armées officielles comme officieuses. Et c’est l’ensemble de tout cela qui définit le camp victorieux. À ce jeu-là, en 2010, c’est Ouattara qui l’a emporté. En plus de sa propre milice armée (les forces ex-rebelles de Soro Guillaume), il a aussi bénéficié de l’appui militaire de l’impérialisme français venu à son secours.

L’objet de la guéguerre actuelle entre le pouvoir en place et son opposition concerne le contrôle de la Cei, qui est la Commission Électorale Indépendante. C’est elle qui est chargée d’organiser les élections et de proclamer les résultats. Contrairement à ce que son nom l’indique, elle n’a évidemment rien d’indépendant. Autrement, il n’y aurait aucune raison de se bagarrer pour la contrôler. Celui qui aura la mainmise sur les postes clés de cette administration, aura la main sur les fichiers électoraux ainsi que la comptabilisation des données électorales. Ainsi, si le bourrage des urnes ne suffit pas à remporter la victoire, il y aura toujours la possibilité de trafiquer le résultat par le biais du fichier informatique.

Du point de vue des intérêts des travailleurs, quelle que soit la future équipe au pouvoir, c’est du pareil au même ! Autant qu’ils sont, ils sont tous dans le camp des riches ! Ils ne représentent, ni de près ni de loin, les intérêts des travailleurs.

Or, la situation des travailleurs se dégrade au fil des ans, depuis plusieurs décennies. Cela, du simple fait que les prix des biens de consommations augmentent sans cesse, alors que les salaires sont très bas et de surcroit bloqués.

Il serait pourtant nécessaire que les salaires suivent le rythme des augmentations des prix et soient réévalués régulièrement. Mais attendre cette simple mesure de justice sociale des exploiteurs et des tenants du pouvoir, ce serait comme attendre qu’un bouc produise du lait !

Les bourgeois, qui exploitent les travailleurs et l’État au service de ces exploiteurs, ne cèdent rien aux travailleurs tant qu’ils ne se font pas craindre. Seul un rapport de forces peut les obliger à tenir compte des intérêts des pauvres.

Ce ne sont jamais des élections, transparentes ou pas, qui viendront régler les problèmes des travailleurs et des populations pauvres, mais la lutte de l’ensemble du monde du travail contre la bourgeoisie qui les exploite et l’État qui les opprime.