Siprochim : à nous les travailleurs d’exiger des protections adéquates
Le quotidien des travailleurs
Siprochim est une entreprise de fabrication de produits chimiques tels que poudre à laver, savon liquide, eau de javel, acide muriatique, etc. Elle est située dans la zone industrielle de Yopougon et emploie plus de 1000 travailleurs. Les conditions de travail y sont pénibles et dangereuses. À ce sujet, voici le témoignage d’un travailleur de cette entreprise.
« Nous travaillons à Siprochim et manipulons beaucoup de produits chimiques dangereux tels que la soude caustique perlée comme liquide, du LABS, l’acide chlorhydrique, le chlore concentré, des colorants de tous genres qui rentrent dans la fabrication des produits finis.
Face à ces produits dangereux, nous ne sommes pas vraiment protégés. Nous avons par exemple des cache-nez anti poussière alors qu’il faut des masques à gaz ; des gants en latex au lieu de gants en PVC. Il n’y a pas de lunettes de protections pour tout le monde. À cela il faut ajouter l’exiguïté dans laquelle nous travaillons.
Le résultat de toute cette exposition aux produits chimiques dangereux, c’est la multiplication de maladies respiratoires comme les rhumes persistants, la toux, des sinusites et certainement des maladies silencieuses que nous ignorons. Chaque année, la direction organise un semblant de visites médicales pour les travailleurs embauchés. Mais elle se garde bien de nous donner les résultats. Elle se contente de nous dire que tout va bien. Or nous sentons que rien ne va dans notre corps.
Il arrive parfois que le patron utilise de la main d’œuvre occasionnelle pour décharger des containers de soude caustique. Sans les protéger d’aucune manière, il les fait travailler en sachant très bien la dangerosité de ces produits ; tout ça pour des miettes. Jusqu’à la fin de la journée, les blessures qu’ont les gars témoignent de la corrosion de certains produits. Le patron est obligé de changer l’équipe de déchargement en permanence.
Ces patrons ne reculent devant aucune méthode pour se remplir les poches. Si nous ne faisons rien pour exiger du matériel de protection adéquat, nous risquons tous de finir gravement malades ou pire, entre quatre planches ! »