Malgré la répression, la mobilisation populaire se poursuit
Soudan
Le 3 juin, les Forces armées rapides (RSF) ont envahi la place devant le siège de l’état-major de l’armée, là où les rassemblements populaires sont permanents. L’armée a détruit les tentes et tiré sur des manifestants. Il y a eu plus de cent morts et des centaines de blessés. Les grands axes de Khartoum ont été quadrillés par les forces des diverses unités militaires soutenant le Conseil militaire de transition (TMC). Et l’université qui se trouve à proximité, pourtant fermée depuis le début des manifestations, a été saccagée par les ex-miliciens Janjawids réputés pour leur férocité. C’est pour punir les étudiants et les professeurs qui sont parmi les dirigeants de la protestation.
Le 5 juin, le général Abdel Fattah Al-Burhane dirigeant de la TMC, a déclaré que les négociations avec l’opposition sont considérées comme nulles. La population soudanaise ne s’est pas découragée. Le 30 juin, à l’appel de l’Alliance pour la liberté et le changement, des centaines de milliers de femmes et d’hommes sont descendus dans les rues. Mais cette fois-ci les dirigeants de l’armée n’ont pas donné l’ordre de réprimer les manifestants.
Les dirigeants de l’opposition veulent forcer l’armée à négocier autour d’une table pour qu’elle accepte un compromis de gouvernement entre civils et militaires. Finalement, le 5 juillet, la junte militaire a accepté de signer un accord de partage de pouvoir avec l’opposition civile représentée par l’Alliance pour la liberté et le changement.
Si la junte accepte maintenant un accord avec l’opposition, c’est pour mieux la soumettre plus tard. D’autre part les alliés du Soudan dans la région, l’Égypte et l’Arabie Saoudite, préfèrent le calme dans ce pays. Ils craignent que la protestation s’étende chez eux.
Depuis la chute d’Omar Al-Béchir, les revendications de la population pauvre sont loin d’être satisfaites. Elle subit l’augmentation permanente des prix et le poids de la dictature. Le compromis que signe l’opposition est une voie sans issue. Il est plus que nécessaire que la classe ouvrière du Soudan profite de la situation actuelle pour créer une organisation indépendante pour faire céder la bourgeoisie et mettre en place un État qui prenne en compte ses intérêts.