Que deviennent les 18 000 tonnes de riz avarié ?
LEUR SOCIÉTÉ
18 milles tonnes de riz impropre à la consommation ont été déchargées au port d’Abidjan au mois d’avril. Ce riz était avarié et reconnu comme tel mais cela n’a pas empêché qu’il soit quand même entreposé au port. S’il a été déchargé du bateau, c’est qu’il devait être écoulé sur le marché pour la consommation. Que des populations pauvres en crèvent, c’est le dernier souci des capitalistes pour lesquels seul le profit compte !
Ce qui a entravé le plan des capitalistes à l’origine de ce trafic c’est une alerte donnée par une personne résidente en Guinée où ce même bateau avait aussi déchargé 4000 tonnes de ce riz avant qu’il ne vienne vider le reste au port d’Abidjan.
Si cette affaire n’a pas fait beaucoup de bruit c’est à croire que quelques hautes personnalités aux bras longs risquaient peut-être d’être éclaboussées par ce scandale. Mais comme l’affaire a été tout de même ébruitée, les autorités ont fait plusieurs communications pour tenter de rassurer la population. Elles ont annoncé que ce riz est en cours de destruction et qu’aucun sac n’en sortirait. Mais comment s’effectue cette opération et qui la contrôle ? Aucune réponse n’a été donnée par les autorités ; il n’y a pas eu la moindre transparence quant à la prétendue destruction de la marchandise avariée.
Et coup de théâtre, le 26 mai, nous apprenons par le canal de la radio française RFI que la destruction de ce riz a été suspendue par le procureur à la demande de l’importateur.
On peut imaginer que l’enjeu est tel qu’il y a de quoi mouiller quelques barbes. Les autorités finiront peut-être par nous expliquer qu’une contre-expertise a finalement permis de conclure que tout le riz n’était pas avarié mais seulement une petite partie. D’ailleurs, même si on nous annonce que toute la cargaison a été détruite on aurait de quoi en douter.
Dans tous les cas, des sacs de riz provenant de ce stock circulent déjà dans les quartiers pauvres. Et il n’y a rien d’étonnant à cela, quand on sait que la pauvreté est telle que des gens sont prêts à prendre le risque de consommer ce riz, même s’il pourrait s’avérer être dangereux pour la santé. C’est comme les médicaments vendus sur les bords des trottoirs que les gens sont contraints de consommer malgré leur potentielle dangerosité, à défaut de pouvoir faire autrement.
Dans cette société capitaliste, les travailleurs et les populations pauvres se tuent au travail, comme ils se tuent à consommer de la nourriture avariée, des médicaments potentiellement dangereux ou à respirer de l’air pollué. Mais la plus dangereuse des pourritures dont il faudra le plus urgemment se débarrasser c’est ce système capitaliste lui-même.