Éditorial

Les revendications des enseignants sont légitimes, leur combat est aussi celui de l’ensemble du monde du travail

12 mars 2019

Éditorial

Les enseignants du primaire et du secondaire des écoles publiques sont en grève depuis bientôt un mois et demi. Ils revendiquent l’embauche des stagiaires, l’augmentation des indemnités de logement et de surveillance ainsi que diverses améliorations de leurs conditions de travail.

Malgré les arrestations et autres menaces de sanction proférées contre les grévistes, ceux-ci tiennent bon et ils ont raison d’affirmer haut et fort la légitimité de leurs revendications. Si le gouvernement peut payer 125 miles francs par mois de prime de logement à des corps habillés, pourquoi les enseignants doivent-ils, par exemple, se contenter de 30 milles francs ? Pourquoi doivent-ils travailler dans des conditions exécrables alors qu’ils ont comme mission de s‘occuper de l’éducation de nos enfants? Faut-il rappeler que dans la majorité des écoles publiques, même les simples WC ne fonctionnent pas, quand il en existe ? Comment enseigner correctement les élèves quand le minimum de matériel didactique fait défaut ?

Le gouvernement n’ignore pas les cris de détresse des enseignants mais il ne veut rien lâcher sous prétexte que depuis 2011 il a déjà consenti plus de 300 milliards de francs « pour des mesures sociales ». Du coup, il cherche des appuis du côté des dirigeants de certaines centrales syndicales pour canaliser la grève vers une voie de garage.

A la dernière Assemblée Générale tenue le 2 mars, les syndicats des enseignants ont proposé la mise en vote d’une suspension de la grève pour un mois en contrepartie d’un simple « chronogramme de discussions » venant de la primature, sans le moindre engagement concret. Autrement dit, un simple papier !

Une telle attitude des dirigeants syndicaux (qui consiste à se mettre à plat ventre devant l’Etat-patron tout en prétendant représenter l’aspiration des grévistes) ne permet pas aux enseignants de peser sur les futures négociations. Il y a quelques mois, lors de la grande grève du personnel hospitalier de 2018 on a déjà assisté au même scénario et les travailleurs n’ont pas eu gain de cause sur la table des négociations car les principaux syndicats regroupés au sein de la « Cordi-Santé » avaient appelé à la reprise du travail avant d’avoir obtenu satisfaction sur les principales revendications. De nombreux grévistes voulaient pourtant poursuivre la lutte mais les dirigeants syndicaux ont préféré mettre en avant leurs intérêts de boutique plutôt que celui des grévistes.

Les expériences du passé doivent nous permettre d’éclairer le présent afin de ne pas retomber dans les mêmes pièges. Ce qui est vrai pour le personnel hospitalier l’est aussi pour celui de l’éducation nationale et de manière générale pour l’ensemble du monde du travail. Ceux-ci n’ont pas d’autres choix que celui du rapport de force pour avoir une chance d’être entendus et obtenir des augmentations de salaire et des améliorations dans leurs conditions d’existence. Et dans ce domaine, l’Etat-patron et les capitalistes se comportent de la même manière, avec la même arrogance et le même mépris vis-à-vis du monde du travail.