Il faut plus que des marches pacifiques pour assainir le milieu du transport

12 mars 2019

LEUR SOCIÉTÉ

Le 26 février un affrontement entre bandes rivales de gnambro et syndicalistes du transport pour le Control de la gare routière de la Riviera Palmeraie s’est soldé par un tué à l’arme blanche. Le nouveau maire de Cocody, pour protester contre cette nième irruption de violence en pleine journée dans sa commune, a organisé une marche silencieuse le lundi 04 mars. Se sont joint au maire d’autres habitants de la commune qui en ont aussi marre de tout ce désordre continuel.

Cette situation n’est pas propre à Cocody. À Abidjan, le transport public est contrôlé par des mafias. Toutes les gares routières et les points de chargements sont tenus par des bandes qui se font appeler « syndicats » ou « chargeurs ». Tous les véhicules de transport en commun doivent payer un droit à ces bandes chaque jour et à chaque chargement. À Abobo, les commerçants, qui exercent dans les environs de certains endroits tenus par ces bandes, subissent aussi leurs rackets. Les chauffeurs ou autres personnes qui refusent de payer sont soumis à des menaces. Il arrive qu’ils soient gravement blessé ou même tués. Et tout cela au grand dam des autorités.

Ce racket, selon un rapport d’audit du transport datant de l’année dernière, permet à ces bandes mafieuses d’avoir le contrôle sur des dizaines de milliards annuellement. C’est beaucoup de sous qui suscitent bien des ambitions et des convoitises. Souvent pour atténuer les rixes entre bandes rivales, ce sont les autorités municipales, policières ou militaires qui jouent les conciliateurs pour imposer les jours ou les heures de racket pour chaque bande. Mais cette régulation n’empêche pas toujours les affrontements comme c’est le cas souvent quand une bande remet en cause le partage des jours ou quand une nouvelle bande tente d’avoir accès au magot.

Tout cet argent ne reste pas dans la poche des seuls petits voyous. Si cette situation, bien qu’illégale, se fait au grand jour et perdure, c’est que des personnes en haut lieu la couvre et y gagnent aussi.

Les seuls à en souffrir, ce sont les chauffeurs et les usagers du transport, car en dernier essor, ce sont eux qui en payent la facture. Les uns par la violence et les brimades quotidiennes et les autres par le renchérissement du tarif du transport. Et tant que les populations ne trouveront pas des moyens vigoureux pour faire comprendre aux autorités qu’elles risquent gros en couvrant ce racket, aucune mesure ne sera prise pour l’enrayer.