Éditorial

Un personnel politique minable, à l’image de la bourgeoisie dont il sert les intérêts…

04 novembre 2018

ÉDITORIAL

Les élections municipales et régionales sont terminées. Le bilan humain s’élève à cinq ou six morts. Au total il y a eu moins de 2 millions de votants pour moins de 4,5 millions d’inscrits. Le Rhdp de Ouattara sort grand vainqueur. Les « indépendants » sont en seconde position et en troisième le Pdci de Bédié, affaibli par la défaillance d’un certain nombre de ses hauts cadres attirés par les carottes tendues à eux par Ouattara.

Certains candidats n’ont pas lésiné sur les moyens et ont dépensé jusqu’à plusieurs milliards de francs pour acheter des votes. C’est le cas, par exemple, de l’actuel ministre de la Défense qui s’est fait élire à Abobo, une des communes les plus pauvres d’Abidjan. Ce milliardaire est trop riche pour habiter cette commune trop sujette à des coupures d’eau et d’électricité, où la voirie et le système d’assainissement sont dans un état lamentable, où l’insécurité est grande à cause de la misère, etc.

Pour lui qui ne cache pas ses ambitions de grimper plus haut, l’enjeu de cette élection était tout autre que la simple gestion municipale. Être à la tête d’Abobo (une des plus importantes communes en nombre d’habitants de tout le pays) est un atout de taille en perspective de l’élection présidentielle de 2020. Il pourra monnayer plus chèrement son soutien à son mentor actuellement au pouvoir et pourquoi pas, envisager peut-être de devenir calife à la place du calife si l’occasion se présente.

Derrière la bataille de chiffonniers qui a émaillé la campagne électorale, l’enjeu était avant tout d’ordre financier pour les principaux candidats en lice. D’ailleurs, à peine les élections terminées, les enchères ont aussitôt commencé entre le Pdci et le Rhdp pour l’achat des « indépendants » qui contrôlent 6 conseils régionaux et 56 conseils municipaux. Selon les bruits qui circulent, une enveloppe de 100 millions est proposée de main en main à ceux qui accepteraient de rejoindre l’un des deux camps. À ce jeu-là, le parti actuellement au pouvoir, le Rhdp, pour ne pas dire le Rdr, dispose d’un coup d’avance et de ressources bien plus importantes que ses concurrents.

C’est ainsi que, par exemple, cet élu du Conseil régional de l’Indénié-Djuablin, la région d’Abengourou, a dit à haute voix et sans complexe : « Bye bye au Pdci… j’offre ma victoire au Rhdp ». Autrement dit, il va là où la mangeoire est plus alléchante aujourd’hui. À Adiaké, c’est à une coalition Pdci-Fpi qu’on a assistée.

La classe politique de ce pays est gangrénée par la « mangécratie » comme le disait un célèbre chanteur, et cela ne date pas d’aujourd’hui. Elle est pourrie comme la société capitaliste où tout s’achète et tout se vend.

…ET COMPLÈTEMENT INTERCHANGEABLE

Pour la bourgeoisie, que ce soit tel clan ou tel autre qui arrive au pouvoir, c’est juste une question de changement de personnel politique destiné à servir ses intérêts. On a déjà assisté à plusieurs valses au sommet de l’appareil d’État dans un passé récent sans aucune égratignure pour les intérêts des capitalistes ; on en reverra d’autres.

Ce sont collectivement les capitalistes qui détiennent en fait les vraies rênes du pouvoir. Ce sont eux qui imposent des cadences infernales aux ouvriers et aux employés qu’ils exploitent dans leurs usines, leurs chantiers ou leurs bureaux. Ce sont eux qui paient des salaires de misère, cela, quelles que soient les lois en vigueur ou le pouvoir en place.

Ainsi, dans les zones industrielles de Koumassi ou de Yopougon, par exemple, des ouvriers travaillent actuellement 12 heures par jour, de nuit comme de jour, pour un salaire de misère ! Cette situation dure depuis des années, pour ne pas dire des décennies et continue de se dégrader ! Ces travailleurs n’ont ni vacances, ni retraites. Celui qui a eu le malheur de subir un accident de travail l’empêchant ensuite de tenir son poste de travail, risque d’aller mourir au village en laissant toute sa famille dans la grande détresse !

Cette société capitaliste ne réserve que souffrance et misère à la classe laborieuse et aux pauvres en général. Cela ne peut pas durer éternellement. Face à la rapacité de la bourgeoisie, la seule et unique défense des travailleurs, c’est leur capacité d’organisation et de lutte. Voilà pourquoi il faut préparer dès maintenant les grandes luttes qui opposeront inévitablement la classe des exploiteurs à celle des exploités. Ce n’est qu’en renversant la bourgeoisie et en mettant fin au système capitaliste que les travailleurs pourront bâtir une autre société où les intérêts de la majorité primeront enfin sur ceux de la minorité de parasites et d’exploiteurs.