Refusons cette société capitaliste où la vie des travailleurs et des populations pauvres compte si peu !
ÉDITORIAL
Le 13 juin dernier un bâtiment en pleine construction s’est effondré à Yamoussoukro entraînant la mort de 10 ouvriers et faisant une vingtaine de blessés. La propriétaire du bâtiment avait, parait-il, outrepassé l’arrêt des travaux ordonné par les autorités, assurée qu’elle était de l’appui d’un député qui aurait conçu le plan du bâtiment.
Malgré le scandale que cet accident tragique a provoqué dans l’opinion publique, ce n’est qu’une quinzaine de jours plus tard que la propriétaire a été interpelée. Quant au député, il est libre comme l’air. Il sera seulement auditionné ultérieurement à titre de « simple témoin ».
Il est fort douteux que ces riches aient à craindre pour leur peau. Tout au plus, ils paieront des avocats pour les défendre. Leur argent et leurs relations se chargeront du reste. C’est comme ça que ça se passe généralement.
Pour calmer les esprits, le gouvernement a distribué un million de francs à chaque famille ayant enregistré un mort et 100.000 Fr aux blessés. Pour les riches et pour le gouvernement qui les protège, la vie d’un travailleur ne vaut pas plus que ça !
Une semaine après cet accident, une vingtaine d’autres personnes ont trouvé la mort à Abidjan suite aux grosses pluies. Il s’agit principalement des membres de familles pauvres habitant des endroits dangereux de la capitale.
Comme c’est de tradition dans pareille cas, le gouvernement ainsi que quelques entreprises capitalistes comme Orange, ont apporté leur « compassion » aux sinistrés en distribuant un peu d’argent ou des choses comme des pates dentifrices et du savon.
Ce qu’attendent les familles sinistrées de la part des autorités publiques ce ne sont pas des gestes de compassion mais des vraies solutions à long terme pour mettre fin à leurs calvaires à chaque saison des pluies.
Mais le gouvernement, au lieu de s’occuper des infrastructures nécessaires pour canaliser proprement les eaux de pluie afin d’éviter les catastrophes de ce genre, accuse au contraire les victimes de manquer de « civisme » en s’installant dans ces endroits insalubres et dangereux. Il a annoncé des « mesures d’urgence de déguerpissement », mais où veut-il que les populations pauvres aillent habiter ? Que fait-il pour les reloger dans de bonnes conditions, à l’abri des inondations et des éboulements? Alors, les responsables de cette situation sont d’abord ceux qui dirigent ce pays !
En effet, ils sont bien placés pour savoir que les populations pauvres qui s’installent ainsi dans ces endroits dangereux n’ont pas d’autres choix. Pour la simple raison que les riches et les capitalistes qui les exploitent payent des salaires qui ne leurs permettent pas de couvrir les frais de transport quotidien que cela nécessiterait s’ils habitaient loin de leur lieu de travail. Avec leurs salaires de misère, Ils ne peuvent pas payer un loyer dans les quartiers lotis car le montant dépasse de loin le revenu d’un travailleur.
Quand les travailleurs manifestent leur colère sur les chantiers de construction ou dans les usines pour avoir un meilleur revenu, ce sont ces mêmes autorités qui les enferment dans les commissariats, quand elles ne les envoient pas en prison ! Dans cette société capitaliste, ce sont les intérêts des riches qui priment sur ceux des pauvres. C’est à cette injustice de classe que les travailleurs devront un jour mettre fin pour qu’un jour ce soit les intérêts de la majorité qui priment sur ceux de la minorité de parasites et d’exploiteurs.