Éditorial

Aux capitalistes la croissance, aux travailleurs la misère. Il faut mettre fin à cette injustice !

15 juin 2018

ÉDITORIAL

Pour les patrons de ce pays, les affaires sont très florissantes. PME-Magazine a publié un rapport indiquant que le nombre d’entreprises qui font un chiffre d’affaires supérieur à un milliard de francs Cfa a doublé.

Cette semaine par exemple, la société Abidjan Terminal (elle s’occupe du terminal à conteneurs au Port autonome) s’est auto félicité en annonçant que pour ce seul mois de mai, elle a traité « 47 000 conteneurs … soit plus de 661 000 tonnes de marchandises embarquées et débarquées ». C’est parait-il le plus gros volume de son histoire alors que la haute saison n’est même pas encore terminée.

De grands groupes internationaux investissent à tour de bras dans l’agro-alimentaire et autres secteurs de l’économie car il y a des profits juteux à faire. Les anciennes zones industrielles sont en chantier et de nouvelles se créent comme à Attinguié. Des entreprises sont en construction sans compter les immeubles d’habitation de luxe qui sortent de terre comme des champignons. Les centres commerciaux, les supermarchés qui poussent un peu partout illustrent que les affaires des riches vont bon train.

Ainsi, pendant que les bourgeois ont toutes les raisons de se réjouir, la situation est toute autre pour la majorité de la population. « L’argent ne circule pas » dit-on dans les quartiers pauvres. Ce qui est sûr c’est que l’argent il y en a dans ce pays mais dans les coffres-forts de la minorité, celle des riches capitalistes.

La population laborieuse est dans la misère et peine à joindre les deux bouts car les salaires sont si bas et la vie si chère. Même le Smig qui est dérisoire car plafonné à 60 000 F, ce n’est qu’une minorité qui le touche. Sur les chantiers de construction, les ouvriers sont obligés de se battre pour toucher le petit salaire de base inscrit dans la loi.

Partout, c’est le travail journalier qui est devenu la norme. Dans l’effectif de la plupart des entreprises, les embauchés sont les moins nombreux. Il y a de plus en plus de travailleurs qui continuent d’être des journaliers après 10 voire 15 ans d’ancienneté.

Les prix des produits de première nécessité comme l’huile, le sucre, le lait, ont soi-disant été plafonnés par l’Etat, mais ils sont hors de portée des bourses des pauvres. Comment s’étonner alors de voir chaque jour sur les marchés, des produits contrefaits, souvent dangereux pour la santé mais qui sont destinés aux plus pauvres. Et quand on est malade, on ne peut pas se faire soigner correctement dans les hôpitaux publics car Ils sont sous équipés et manquent d’entretiens.

A toutes ces difficultés il faut encore ajouter le problème du logement ouvrier. Les loyers augmentent sans cesse, même dans les quartiers précaires.

La scolarisation des enfants est un autre casse-tête pour les familles ouvrières. Les écoles publiques sont dans un piteux état, abandonnées par l’État.

Que fait le gouvernement face à l’aggravation de la misère ? Rien, à part des discours. Il se vante d’un taux de croissance de près de 10% depuis quatre ans. Mais qui profitent de cette croissance économique ? Certainement pas les travailleurs qui produisent pourtant les richesses, construisent des bâtiments et des routes, conduisent des engins et les entretiennent, etc., pas les ouvriers agricoles qui sont exploités dans les plantations, pas les petits paysans qui cultivent des produits vivriers et qui alimentent les marchés des villes.

Seule une minorité profite de cette situation, ce sont les capitalistes et leurs serviteurs qui se succèdent au pouvoir. Cela est d’autant plus révoltant qu’ils s’enrichissent au milieu d’un océan de misère.

Ce système économique qui permet à une minorité de faire fortune grâce à l’exploitation des travailleurs ne peut pas durer éternellement. Il devrait être remplacé par un autre système fondé non plus sur le profit individuel mais sur la satisfaction des besoins de la grande majorité, c’est-à-dire un système communiste. Ce changement ne pourra être réalisé que si les travailleurs s’organisent pour mettre à bas l’ordre capitaliste, prennent le pouvoir et l’exercent eux-mêmes au profit de la grande majorité